Les Infos 11-01 du 24 janvier 2011
Réglementation européenne et usages orphelins (conférence au SIVAL)
Le règlement 1107/2009 sur la mise en marché des produits de protection des plantes à l’échelle européenne va entrer en vigueur le 14 juin 2011. La directive 2009/128 sur l’utilisation durable des pesticides va entrer en vigueur le 14 décembre 2011. Ce « paquet pesticides » va-t-il permettre de résoudre la question des « usages orphelins », cruciale pour le secteur des fruits et légumes.
Plus de 150 personnes ont assisté à la conférence sur ce thème organisé début janvier par Coop de France Ouest et Felcoop. JM Delannoy, président de Felcoop et de B Géry, président de ForumPhyto, dans une brève introduction, ont souligné l’importance de la question des usages orphelins en fruits et légumes dans les coopératives et la nécessité d’aborder la question à l’échelle européenne.
J Dasque, secrétaire de l’AREFLH (Assemblée des Régions Européennes productrices de Fruits et Légumes) a souligné les espoirs que porte le règlement1107/2009 à moyen et long terme et la nécessité de trouver également des solutions à court terme pour les producteurs, par exemple en développant et harmonisant les autorisations « Off-Label » (c’est-à-dire sous responsabilité des producteurs concernant l’efficacité et la phytotoxicité). AREFLH travaille à un listing des priorités.
Y Monnet, DGAL (ministère de l’Agriculture), a détaillé les mesures qui, dans le règlement européen, permettent la résolution à moyen et long terme des usages orphelins ; mais aussi leurs limites. Il a également exposé les mesures prises dans le même sens par le gouvernement français. La « simplification du catalogue des usages » est une mesure qui devrait déboucher très prochainement.
L Peeters, président du groupe phyto de Copa-Cogeca (syndicat européen des producteurs et coopératives), a montré le travail effectué à l’échelle de l’UE par la profession et les autorités pour l’optimisation de l’application du règlement et la coordination pour une meilleure efficacité de l’approche zonale. La Commission Européenne devra également veiller à ce que l’application de la directive 2009/128 (utilisation durable) se traduise par la mise à disposition d’une « boîte à outils » pour les producteurs (et non pas des charges administratives inutiles) et une certaine harmonie des plans d’action nationaux.
P de Myttenaere, directeur du Veiling de Reo, a fait porter son intervention sur la question des résidus : exigences extra-règlementaires des distributeurs, en particulier allemands, définition du « zéro-résidu » dans un contexte où les laboratoires sont de plus en plus performants.
Après un débat avec la salle et les questions, JM Gabillaud, président de Coop de France Ouest, a conclu sur la nécessaire dimension européenne.
« Moins de pesticides, plus de rendements et de revenus » (?) (FAO)
Sous ce titre (in English, en français), et sans point d’interrogation, la FAO rend compte de son « Programme de gestion intégrée de la production et des déprédateurs en Afrique de l’Ouest ». Une partie importante de l’initiative consiste en un programme de formation à destination de petits producteurs et visant à l’adoption de techniques de protection intégrée, mais aussi de bonnes pratiques de fertilisation et visant à la protection de l’utilisateur, ce qui est positif. Mais la présentation de l’action est centrée sur la réduction des volumes de « pesticides chimiques » utilisés, ce qui n’a pas de signification en soi.
Voir également l’article du JDLE (journal de l’environnemment)
« Ces vergers qui fructifient grâce à l’environnement » (Ouest France)
Sous ce titre, Ouest France décrit comment un arboriculteur du Maine-et-Loire protège ses plantes et s’inscrit dans le développement durable : Implantation de cultures avant replantation, variétés résistantes ou tolérantes à la tavelure, nichoirs pour mésanges, insectes auxiliaires choyés. Utile pour montrer concrètement les évolutions des pratiques des producteurs, l’article reste dans une logique de réduction des utilisations, oubliant que ce qui est important c’est la réduction des risques.
Même tonalité dans « Des gentilles bébêtes à la place des pesticides », toujours dans Ouest-France, à propos de maraîchage cette fois, avec une description de l’utilisation d’auxiliaires biologiques en productions de serre.
Le glyphosate est-il biodégradable ? (Gazette de l’ACTA)
Débat dans la gazette de l’ACTA sur la biodégradabilité du glyphosate, matière active du Roundup, herbicide fréquemment utilisé. Deux questions font débat : La présence de traces dans l’eau est-elle compatible avec l’annonce d’une bonne biodégradabilité ? Les firmes fournissent-elles suffisamment de données pour pouvoir apprécier pleinement les risques de contamination ?
« Comment les pathogènes piratent les plantes-hôtes » (Science Daily)
Sous ce titre (in English), Science Daily rend compte d’une recherche fondamentale sur les mécanismes intimes permettant à un pathogène (bactérie, champignon,…) de pénétrer dans la plante, de s’y reproduire et de s’y nourrir. Une telle recherche n’a pas d’application directe, mais ouvre des pistes pour de nouvelles techniques de protection des plantes.
A lire : « Histoire de la protection des cultures » de 1850 à nos jours
Ce livre écrit par C Bain, JL Bernard, A Fougeroux, aux éditions Champ Libre met en perspective la protection des cultures, mal connue du public. La protection des cultures recouvre l’ensemble des méthodes utilisées, en France et dans le monde, pour minimiser les ravages exercés sur les récoltes par les champignons parasites, les insectes, les rongeurs, les mauvaises herbes… Richement illustrée de photographies et de fac-similés rares, voire uniques, documentée de textes d’époque, cette édition explique les changements intervenus dans nos campagnes au cours des 150 dernières années et dessine les grandes tendances qui modèlent l’avenir.
Par son approche historique, complète et illustrée, cette histoire de la protection phytosanitaire permet de combattre de nombreuses idées reçues, en particulier l’idéalisation des techniques passées.
Voir articles sur le journal de Saône et Loire et sur le site de FARRE
L’utilité des produits phytopharmaceutiques (UIPP)
Cette brochure (téléchargeable en pdf) publiée par l’UIPP (Union des Industries de la Protection des Plantes) expose brièvement et de façon pédagogique les « bénéfices » des produits phytos : amélioration des rendements (donc sécurité alimentaire mondiale accrue…) mais aussi qualité, goût, sécurité sanitaire, etc.
Nature et Progrès Belgique cherche des Hercule Poirot
Nature et Progrès Belgique lance un appel aux particuliers clients des jardineries pour qu’ils mènent leur enquête sur les conditions de vente. Malgré un certain parti pris pro-solutions « bios » considérés a priori comme non toxiques, et malgré le danger de manque de rigueur du fait de l’hétérogénéité des enquêteurs, cette initiative est porteuse de nombreux points positifs. Le site fait d’ailleurs des rappels judicieux de points règlementaires.
« Tué à petit feu par les pesticides » (Générations Futures, TF1,…)
Sous ce titre, TF1 rend compte, sans distance, comme de nombreux autres médias, de l’annonce par GF (Générations Futures) de la mort de Y Chenet, viticulteur dont la leucémie avait été reconnue par la MSA comme maladie professionnelle suite à l’exposition à des pesticides (en fait à du benzène, que l’on retrouve dans les carburants…). N Lauverjat, porte-parole de GF, déclare : « Nous avons la conviction très forte qu’au vu de cette nouvelle, le combat doit se poursuivre en mémoire de toutes celles et ceux qui, comme Yannick, voient leur vie s’arrêter parce qu’ils ont utilisé des produits auxquels ils n’auraient pas du être exposés »
Le deuil de la famille et des amis d’Y Chenet est respectable. Mais l’attitude de GF constitue une prise d’otage malsaine du sentiment de compassion propre à tout être humain. JP Jaud, réalisateur de « Nos enfants nous accuseront », MM Robin, réalisatrice de « Notre poison quotidien » (voir plus bas) sont dans le même registre. Ceci avait été relevé y compris par leurs sympathisants supposés. Voir par exemple « Nos spectateurs nous accuseront » ou la critique de Télérama qui regrette « l’autoflagellation collective », la confusion entre « militantisme et propagande » et le ton « sentencieux et alarmiste ».
Les produits phytosanitaires contribuent à la protection des récoltes. Ils ne sont pas anodins et, comme de nombreux outils utilisés par les agriculteurs ou même dans la vie courante (l’automobile fait des morts tous les jours), ils peuvent être dangereux s’ils sont mal utilisés ou en cas d’accident. Il importe donc de prendre toute mesure visant à réduire autant que possible les risques liés à leur utilisation.
Du côté des semeurs de peur : « Notre poison quotidien » (Marie-Monique Robin)
Marie-Monique Robin (MMR), précédente réalisatrice du Monde selon Monsanto, sort Notre poison quotidien, un film réquisitoire et délibérément alarmiste sur la contamination de nos aliments par les résidus de pesticides. Voir articles louangeurs du Journal de l’Environnement ou de 20 minutes.
Dans le JDLE, on voit bien le registre sur lequel MMR tente de jouer. Les généralisations non-étayées génératrices de peurs : « environ 100.000 molécules ont envahi notre environnement et contaminé notre alimentation. Qu’on ne vienne pas nous dire que c’est inoffensif ». Le « tous pourris » : « industriels et experts au cœur d’indéniables conflits d’intérêts ». Et la culpabilisation : « Il y a 50 ans, on promettait (aux agriculteurs) qu’ils nourriraient le monde. On leur reproche aujourd’hui d’avoir contaminé leurs enfants, souillé la terre et pollué l’eau. »