Bonnes pratiques, Environnement et voisinage

Le coût imaginaire des principales pollutions agricoles (C Buson, ISTE)

21 déc. 2011

Le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) a publié une étude intitulée « Coûts des principales pollutions agricoles de l’eau ».

L’Institut de l’Environnement (ISTES) est un « Organisme scientifique et technique, lieu d’échange, de concertation, de travail, de formation et d’information », historiquement centré sur la question des nitrates dans l’environnement et dans l’alimentation, mais à vocation plus large. Christian Buson, président de l’ISTES, a fait une lecture critique approfondie du rapport publié par le CGDD.

 

 

Sa critique porte sur plusieurs points fondamentaux. Nous nous attarderons principalement sur les points concernant les produits phytosanitaires :

« Toute cette étude prend pour acquis que les normes actuelles sont scientifiquement fondées, et surtout que des teneurs dépassant ces normes devraient s’interpréter comme une « pollution des eaux »et de l’environnement provenant des  activités agricoles. »

– « Les effets favorables et indispensables de la production agricole sont totalement ignorés dans ce rapport ».

– « La notion de « pollution agricole», bien que généralisée dans l’opinion, est en réalité hautement contestable : (…) Concernant les produits phytosanitaires, ceux-ci sont autorisés à leur mise sur le marché, au terme d’études appréciant leur toxicité, mais également leur devenir et leur biodégradation dans l’environnement. Retrouver des traces des molécules autorisées est inévitable compte tenu des précisions obtenues par les appareils de détection  analytique. La fixation de seuils dans l’eau potable à la limite de détection analytique (0.1 µg/l), ne prouve pas que les eaux présentant des traces des molécules autorisées, soient dangereuses pour la santé, ni que l’environnement serait « pollué ». »

– A propos des coûts de substitution de l’eau du robinet vers l’eau en bouteille : « La consommation des eaux en bouteille est le résultat d’une sensibilisation environnementale inappropriée et à des actions publicitaires soutenues aboutissant à désinformation profonde dans l’opinion et chez les consommateurs. C’est le choix des consommateurs. D’une certaine manière, le rapport du Ministère va contribuer à entretenir la défiance des populations vis-à-vis de l’eau potable distribuée par l’adduction publique. Le Ministère devrait au contraire rappeler l’excellente qualité des eaux distribuées, en France,  par le réseau d’adduction publique. »

– A propos des coûts de dépollution des eaux : « le calcul sur les produits phytosanitaires, est aberrant : les eaux n’ont aucun besoin d’être traitées et ne le sont pas. Les produits phytosanitaires ont été autorisés à leur mise sur le marché après évaluation de leur toxicité et de leur coefficient de biodégradation. Les résidus en quantité infime ne posent aucun problème du point de vue environnemental. Fondamentalement, il n’y a aucune raison de traiter toute l’eau de l’environnement pour en faire de l’eau potable. »

Et Christian Buson de conclure :
« Si l’on voulait être positif, ce rapport présente néanmoins  le mérite de tenter d’estimer le coût des directives actuelles et par conséquent l’économie qu’on pourrait générer en les adaptant aux connaissances scientifiques. (…) [Le fait que le document n’engage que leurs auteurs et non pas les institutions auxquelles ils appartiennent] ne saurait dispenser à la rigueur minimale que nous sommes en droit d’attendre d’un tel document. Un tel rapport n’aurait jamais dû sortir sans être profondément revu dans sa conception et correctement relu dans le détail. »

 

 

L’intégralité de cette Critique de « l’estimation des coûts engendrés par les principales pollutions agricoles » par l’ISTES vaut la peine d’être lue.

 

 

Agriculture et Environnement en avait fait une première étude critique que nous avions mentionné dans cet article publié dans LesInfos 1117.