Dans ce Consomag (vidéo), Arte fait un comparatif des protections phytosanitaires, bio versus conventionnel, en arboriculture fruitière (pêches). Où l’on voit que la production bio a besoin de protection phytosanitaire et que ce n’est pas parce que c’est naturel que c’est inoffensif. Simple, court et constituant une bonne introduction au débat sur la protection phytosanitaire en agriculture. Toutefois, il serait dommage de stigmatiser les producteurs bios qui contribuent à la réflexion sur les pratiques agricoles et la protection de l’environnement, à condition qu’ils ne stigmatisent pas eux-mêmes l’agriculture conventionnelle…
Quelques extraits retranscrits :
La reporter introduit : « D’habitude, c’est [l’arboriculteur conventionnel] qui est montré du doigt, car il a le pesticide décomplexé. Pour faire pousser ses pêches, il n’utilise pas moins de 15 produits phytosanitaires de synthèse. (…) des produits considérés comme dangereux pour l’environnement par le ministère de l’agriculture. Bon, rien qu’on ne sache déjà. La nouveauté, elle est du côté du bio. Car jusqu’à présent, on croyait que l’agriculture biologique était inoffensive pour l’environnement »
Le producteur bio parle d’abord de préparations à base de thym, de serpolet, de sarriette, d’origan et de prêle, et aussi du purin d’ortie : « ça, c’est un vrai phytostimulant ».
Il utilise aussi du cuivre : « ça, c’est vieux comme le monde ».
Gérard Pascal, ancien chercheur de l’INRA, explique les dangers environnementaux d’une trop grande utilisation de cuivre.
Mais, pour le producteur bio, il y a aussi « l’huile de neem qu’on utilise comme insecticide pour le puceron« .
Gérard Pascal explique alors le caractère perturbateur endocrinien de l’huile de neem.
La reporter de souligner : « L’huile de neem (azadirachtine) est interdite en France, mais autorisée au niveau européen depuis juin 2011 après avoir été interdite en 2008. Mais toutes ces controverses, ça n’a pas l’air de déranger [le producteur bio] »
Le producteur bio d’acquiescer : « tous les arboriculteurs bio utilisent de l’huile de neem. (…) tous ceux que je connais, ils l’utilisent. Mais après, ils ne le disent pas forcément. »
La reporter de conclure : « le problème, c’est que, sans cuivre et sans huile de neem, les agriculteurs bios ne peuvent plus assurer une production. Sans ces produits naturels mais néfastes pour l’environnement, la filière bio serait condamnée à disparaître. »
Non seulement la production bio a besoin de protection phytosanitaire comme la production conventionnelle, mais elle a les mêmes problèmes d’harmonisation de la réglementation au niveau européen.