Sous le titre « Agriculture et « résidus chimiques » dans les aliments ? », Léon Guéguen, chercheur INRA, expose clairement et simplement les faits en quelques chapitres :
« Les résidus chimiques dans notre assiette ». Où l’on voit que les conclusions de l’étude officielle EAT2 (déjà évoquée ici sur ForumPhyto) sont « particulièrement rassurantes ».
« Doit-on remettre en cause les doses journalières admissibles ? » Où l’on voit que les mises en garde alarmistes de Générations Futures (GF) n’ont aucun fondement sérieux : Concernant par exemple l’effet « cocktail », compte-tenu des très grandes marges de sécurité, « il y a de la place pour de telles synergies sans effet délétère sur la santé ! »
« Quelle est la part de l’agriculture dans cette pollution chimique ? » Où l’on voit que les 2/3 des contaminants cités par GF ne sont pas imputables à l’agriculture et proviennent de l’environnement : dioxines/furanes, PCBs, retardateurs de flamme, éléments traces toxiques, plastifiants des emballages, constituants des peintures, des détergents, des substances biocides de la maison ou du jardin, du mobilier, des textiles, des cosmétiques, des jouets, des gaz de combustion…) ou de la transformation industrielle ou culinaire des aliments (acrylamide, benzopypyrène ». De même, « les perturbateurs endocriniens potentiels les plus incriminés ne sont pas majoritairement d’origine agricole. »
« L’agriculture biologique est-elle la solution ? » Où l’on voit que « les résidus « naturels » de produits de traitement non homologués (parce que naturels) ou fabriqués par la plante et dont les effets sur la santé sont souvent inconnus ou ignorés ? »
« Résidus chimiques et cancer. » Où l’on voit que les causes principales de cancer sont bien le vieillissement de la population, le tabac chez les femmes et le sur-diagnostic du cancer de la prostate lié au dépistage systématique, laissant peu de place aux autres facteurs environnementaux hypothétiques, sauf en situation d’exposition professionnelle.
« Nourrir le monde sans produits chimiques ? » Où l’on voit que des « modes d’agriculture moins dogmatiques, raisonnée, intégrée, HVE (à haute valeur environnementale) ou écologiquement intensive » peuvent préserver l’environnement sans forte diminution des rendements.
Sa conclusion mérite d’être reprise intégralement : « L’exposition aux polluants chimiques alimentaires ou atmosphériques, qu’ils soient artificiels ou naturels, a toujours existé et était incomparablement moins (voire pas du tout) évaluée et contrôlée, et bien plus dangereuse, il y a 50 ans. Alors, soyons donc positifs et n’écoutons pas les faiseurs d’opinion en quête de notoriété médiatique dont les messages anxiogènes (les seuls qui se vendent bien) sont la cause d’une épidémie d’angoisse, d’orthorexie et d’hypochondrie qui, pouvant atteindre le stade de la psychose collective, est bien plus néfaste à la santé que les infimes traces chimiques résiduelles dans notre assiette ! »
A lire et à faire lire.
Léon Guéguen est également membre du Comité scientifique de l’AFIS. AFIS pour laquelle il a écrit « Résidus chimiques dans notre assiette : l’Anses confirme et rassure ! » en octobre 2011.
Commentaire de JC Moron, membre de ForumPhyto, le 13 mars 2012
Concernant l’effet cocktail mentionné par L Guéguen, il peut être utile de rappeler les propos du Pr A Périquet lors du colloque EGEA de Paris en 2008.
« (Bruce Ames) avait dit effectivement avec beaucoup d’humour, parce qu’on lui a posé la question que vous avez soulevé sur le problème des cocktails que dans le café il y avait 250 substances différentes dont certaines étaient cancérigènes. Il avait aussi dit que ce n’était pas pour ça que la plupart des gens proscrivait le café de leur alimentation. Sur le point du cocktail je voulais apporter tout à l’heure plusieurs précisions, B Declercq a déjà fait la distinction entre le non-sens toxicologique d’additionner des substances qui n’ont pas le même effet biologique, ça ne veut rien dire toxicologiquement parlant, c’est le premier point qu’il faut indiquer. Ensuite il est vrai que la communauté scientifique réclame depuis longtemps ce type d’études, je dois indiquer que très récemment, j’ai évalué une étude qui est une action nationale de recherche pilotée au sein de l’INRA et qui pour la première fois va prendre en compte le sujet d’éventuelles interactions des produits phytosanitaires entre eux. Pour ce qui est des substances naturelles, ce n’est pas parce que c’est naturel que c’est forcément ‘safe’, il y a un certain nombre de substances toxiques naturellement présentes dans nos aliments. » Extrait du compte-rendu du colloque EGEA de 2008 à Paris (voir page 78 et 79)
En effet, on ne peut pas additionner des substances qui ont des effets biologiques différents.
C’est d’autant plus vrai qu’il faudrait en toute logique, si l’effet cocktail était une menace réelle, interdire toutes les prises de médicaments ainsi que l’absorption de toutes les nourritures contenant des substances chimiques naturelles.