60 millions de consommateurs, association et périodique de défense des consommateurs fait le buzz sur Internet en titrant « Des pesticides même dans le vin bio » Voir résumé sur leur site. Que ce soit dans ce résumé ou dans l’article complet, le cœur de l’enquête de 60 millions de consommateurs est : « Les viticulteurs utilisent nombre de pesticides pour lutter contre les maladies de la vigne. Ces polluants se retrouvent-ils dans nos verres ? 60 Millions révèle les résultats des analyses effectuées sur 52 vins, bios et non bios. »
Et de poursuivre : « Résultats de nos analyses : tous les vins issus de la viticulture conventionnelle contiennent des traces de pesticides, heureusement à des doses souvent faibles. Alors que la viticulture est le secteur agricole qui utilise le plus de pesticides (20 % de la quantité totale appliquée en France), il n’existe paradoxalement pas de limites maximales de résidus (LMR) pour le vin mais seulement pour les raisins de cuve. Pourtant, au vu de nos résultats, imposer ces LMR au produit fini paraît indispensable. Plus étonnant, on retrouve des résidus de pesticides même dans des vins « issus de raisins certifiés biologiques ». Sur onze vins bios étudiés, seuls deux ne contenaient aucun des polluants recherchés. L’un d’entre eux contient même jusqu’à treize molécules différentes ! Les professionnels expliquent que ces traces de polluants sont liés à des contaminations accidentelles, les parcelles bio étant proches des conventionnelles qui utilisent des produits phytosanitaires. »
De nombreux médias reprennent les affirmations de 60 millions de consommateurs pour la plupart sans aucune vérification ni recul.
Cependant, La France Agricole note très justement que 60 millions « indique le nombre de polluants qu’il a retrouvés. Mais il n’indique pas la quantité mesurée par bouteille. Il se contente de la qualifier soit de « faible », soit de « très faible ». »
A Amgar, sur son blog lié à la revue Process alimentaire, sous le titre « Oh My God ! Des pesticides même dans le vin bio ! », centre son analyse sur l’éventualité de mauvaises pratiques y compris chez les producteurs bios et la nécessité, au contraire des bonnes pratiques. Et rappelle que si le vin est « à consommer avec modération », ce n’est sûrement pas à cause des résidus, mais bien d’abord en raison de l’alcool qu’il contient…
L’article de 60 millions serait l’occasion de clarifier un certain nombre de points.
Par exemple les produits phytosanitaires sont présents en tant que résidus parce que, précisément, on les a appliqués. Ce ne sont donc pas, à proprement parler, des polluants.
Et l’extraordinaire performance des laboratoires d’aujourd’hui fait qu’il serait parfaitement incroyable de NE PAS retrouver de résidus…
Mais surtout, 60 millions ne donne aucun chiffre en ce qui concerne les niveaux retrouvés ! Le nombre de pesticides retrouvés permet de faire passer en contrebande l’idée d’une contamination généralisée et bien sûr dangereuse. Sans aucune justification. Cela ne constitue-t-il pas une arnaque à la peur, purement et simplement ?
Une suggestion : même s’il n’existe pas de LMR pour le vin, il en existe pour le raisin de cuve. Les niveaux retrouvés par 60 millions ne sont-ils pas très largement inférieurs à ces niveaux ?