Tel est le témoignage résolument optimiste de Bernard et Françoise Dutoit, agriculteurs aux mêmes 18° controverses de Marciac (voir une autre contribution ici sur ForumPhyto)
Ces agriculteurs engagés dans l’aide au développement en Afrique avaient été interpellés en ces termes par un militant de Greenpeace : « Nous allons payer votre gaspillage, fruit de votre productivisme outrancier non respectueux de la nature ».
Cela les a « perturbés ». Mais, loin de réagir agressivement, ils rappellent simplement un vieil adage béninois : « Si tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d’où tu viens »
Ceci les amène à décrire la situation des campagnes et de l’agriculture pendant la seconde guerre mondiale et juste après : ni eau, ni téléphone, ni électricité,… Le choix de la modernité était alors évident : s’organiser en CETA et GVA, passer de 2000 kg de lait par vache à 10 000 et de 20 Qx/ha de maïs à 120, les syndicats, les banques de travail, les CUMA, les coops, les GAEC…
« Notre niveau de vie a augmenté de 50 % depuis 1980 et notre espérance de vie de 40 ans depuis 1900. Nous avons mélangé à mains nues l’atrazine et les hormones distribuées par la DSA (direction des services agricoles) de l’époque, tellement heureux de ne plus désherber manuellement. Il est évident que nous étions inconscients. »
Mais, « Paradoxalement, si nous devions refaire notre vie, sans hésiter nous choisirions la même, sans toutefois retraire des vaches à la main, » disent-ils.
Mais en fait leur seul vrai regret : « celui de ne pas avoir créé un groupe rural du style CETA avec les hommes et les femmes qui vivent, travaillent et entreprennent dans le terroir. De ce dialogue, nous pouvions espérer une synthèse constructive entre économie et écologie, car nous sommes concernés au premier rang par les problèmes de l’équilibre des écosystèmes. Il n’est pas normal que les producteurs agricoles soient la cible des mouvements écologistes. Etre moderne, c’est dissiper ce malentendu, en acceptant d’approcher un monde méconnu qui raisonne différemment et ignore souvent l’origine des produits qu’il mange »