Pour écrire cette thèse de doctorat en pharmacie principalement orientée sur la santé de l’utilisateur, Dorothée Batsch s’est largement documentée. Malgré quelques imperfections cédant à l’air du temps et probablement dues à la jeunesse de l’auteure, sa thèse peut être citée en exemple pour son aspect « intégré » : le respect de la santé de l’opérateur sera le résultat d’une combinaison d’actions, et non pas de recettes simplistes.
Les imperfections de cette thèse concernent principalement sa description sommaire et imparfaite des agricultures raisonnée, intégrée et biologique.
Mais elle fait un tour complet de la question de la sécurité de l’applicateur et surtout de comment l’améliorer. Loin de se focaliser sur le seul danger intrinsèque des substances, ou sur les équipements de protection individuelle, D Batsch met l’accent sur les facteurs humains, organisationnels, agronomiques, matériel, etc. Elle souligne également l’importance des actions collectives de surveillance et de prévention par exemple par la MSA.
La fin de sa conclusion mérite d’être citée :
« Dans tous les cas, il faut continuer la prévention liée à l’utilisation des pesticides, bien souvent les agriculteurs ne se protégeant pas suffisamment, comme le montrent les enquêtes menées par la MSA et le réseau Phyt’attitude : seul un agriculteur sur deux porte des gants lors de la préparation de la bouillie et/ou remplissent le matériel, or il s’agit de la partie du corps la plus exposée. Il faut également encourager le dialogue entre producteurs et consommateurs : nombreuses sont les idées reçues qu’a le consommateur, et l’image d’un agriculteur en combinaison et en masque respiratoire lors de l’épandage évoque simultanément celle du pollueur, intoxiquant en bout de chaine le consommateur. Ce comportement n’incite donc pas l’agriculteur à mieux se protéger. Il est primordial que le consommateur ait conscience qu’il est, entre autres grâce à la législation, le maillon le plus protégé de la chaine. La vision de l’agriculture est peut -être trop radicale, aux yeux du grand public : soit il s’agit d’un système conventionnel traditionnel utilisant massivement des pesticides (également en production animale avec l’utilisation préventive d’antibiotiques) mais aboutissant à une production standard sans défaut, avec des fruits et légumes en abondance, de grosse taille, et toute l’année, soit on a recours à un système de production biologique, sain, mais donnant des denrées présentant des défaut, des fruits et légumes de petite taille, des produits moins attractifs pour le consommateur. Il est aussi possible d’avoir recours à un système intermédiaire, intégrant l’ensemble des pratiques agricoles, pour respecter au mieux la vie du sol, minimiser la pollution, considérer l’écosystème dans son ensemble avec ses bénéfices, mais ne réfutant pas l’idée de soigner les plantes lorsqu’aucun autre choix n’est possible. Ne l’oublions pas, l’agriculture est avant tout une activité économique, le niveau de récolte doit donc permettre à l’exploitation d’être viable, ce pourquoi de nombreux agriculteurs refusent le passage en système biologique de peur de voir s’effondrer la qualité des récoltes sous la pression des ravageurs. Notre manière de consommer serait peut être également à repenser : l’obtention de fruits et légumes gros, sans tâche, en toute période de l’année, n’est pas le reflet du cycle de production normal de la nature.
Tout comme les médicaments et en particulier les antibiotiques, une utilisation raisonnée des PPP est impérative, des phénomènes de résistance existant dans les deux domaines. Tout comme l’intégration des différentes médecines pour soigner un patient (ostéopathie, phytothérapie, homéopathie, médecine conventionnelle…) amène une solution adaptée à chaque problème et une meilleure efficacité, il semble logique de fonctionner de même en agriculture, en considérant l’écosystème dans son ensemble et le sol comme un support vivant, en alternant techniques physiques, méthodes de luttes biologiques et chimiques, c’est à dire apporter une solution adaptée à chaque problème.
Pourquoi ne pas envisager un slogan disant « les pesticides, c’est pas automatique ! »… »
Fin de citation et de la thèse.
Il n’y a plus rien à rajouter…