Le dernier numéro d’Aujourd’hui et demain, bulletin d’information du CATE, centre d’expérimentation légumière en Bretagne, montre une nouvelle fois que la protection des cultures demeure une préoccupation majeure des producteurs de fruits et légumes ; Dans le respect de l’environnement et en s’appuyant sur les bonnes pratiques agronomiques. La réduction des intrants n’est pas un objectif en soi. Mais elle est au rendez-vous.
La protection des plantes : une préoccupation majeure
Sur 10 articles au total, 6 sont en relation avec la protection des plantes :
– Pucerons et chenilles sur chou-fleur d’hiver : traiter les avec mépris !
– L’aleurode du chou : un ravageur méconnu en Bretagne
– Brocoli :reconnaître les principaux problèmes
– La mouche mineuse du céleri : un ravageur en recrudescence ?
– Effluents phytosanitaires : s’organiser pour les gérer dans le respect de l’environnement
– Gestion de la qualité sanitaire des cultures : utilisation des marqueurs moléculaires pour la détection des agents pathogènes des plantes
Exemple des pucerons et chenilles sur chou-fleur d’hiver
Concernant « pucerons et chenilles sur chou-fleur d’hiver » (2MO), le sous-titre « traitez les avec mépris ! » est délibérément provocateur.
Il incite les producteurs et les techniciens de terrain à lire l’article et, avant toutes choses, à se poser la question de « l’impact de ces insectes sur la culture, plusieurs mois avant la récolte »
La réponse à cette question est complexe comme pour les autres ravageurs.
Il faut distinguer symptômes (une simple présence est un symptôme) et dommages (la présence d’excréments de chenilles sur une tête prête à récolter « constitue clairement un dommage ».
Il faut ensuite distinguer seuil biologique de nuisibilité et le seuil économique de nuisibilité (seuil à partir duquel le traitement est rentable).
Or lors de la récolte des choux-fleurs d’hiver de janvier à mai, aucun ravageur n’est présent. Ainsi la nuisibilité n’est jamais liée à leur présence sur les pommes contrairement aux choux d’été et d’automne, la question est bien l’impact (perte de vigueur et donc de calibre et ou de qualité) de leur présence en fin d’été/début d’automne »
Pour les deux insectes qui sont l’objet de l’article, c’est donc bien avant tout la détermination concrète du seuil de nuisibilité prévisionnelle qui permet de décider, ou non, d’un traitement.
Et l’article de conclure :
Avant la diffusion de ces seuils, les producteurs réalisaient en moyenne 1,4 application insecticide.
En 2007, 3 ans après la diffusion du seuil puceron, les traitements insecticides ont diminué de 40% (0,84 traitement), 28% des parcelles ne reçoivent plus d’aphicides contre 2 à 4% auparavant. La diffusion du seuil chenille (en cours) permettra sans aucun doute une nouvelle baisse de l’application des insecticides sur les choux-fleurs d’hiver, avec dans de nombreux cas, une absence de traitement, ce qui permettra de répondre en partie aux objectifs du plan Ecophyto de réduction de l’utilisation des phytosanitaires »
D’abord la formation et l’information !
Les autres articles vont dans le même sens : Les producteurs mettent en œuvre la protection intégrée quand ils ont l’information utile pour le faire. L’important est donc de leur fournir cette information : identification des ravageurs, seuil de nuisibilité, outils d’aide à la décision, auxiliaires biologiques naturels ou à introduire, moyens agronomiques de maîtrise, amélioration de la pulvérisation, traitement des effluents, etc.
On est loin de l’idéologie, du « modèle » d’agriculture qui serait à privilégier. On est loin de l’objectif intangible de réduction de 50% des intrants.
Et pourtant, le résultat est là : ces informations concrètes, leur assimilation par les producteurs permettent globalement une réduction sensible des intrants phytosanitaires.
Un exemple à suivre par les pouvoirs publics et l’INRA pour un succès concret d’Ecophyto2018
Pour les professionnels qui souhaitent se procurer l’intégralité de la revue Aujourd’hui et Demain, s’adresser à :
CATE, centre d’expérimentation de Vézendoquet, 29250 Saint Pol de Léon.
e-mail : secretariat (a) cate.fr