Sous ce titre (en français, in English, en español), Courrier International reprend un article du De Standaard (Quotidien Flamand). Tom Ysebaert, auteur de l’article, y expose les arguments de toutes les parties prenantes autour de la question de la protection des abeilles.
Pour T Ysebaert, dans le rapport de l’EFSA qui a mis le feu aux poudres, « il n’est pas dit que ces insecticides sont à l’origine de la mort des abeilles, mais qu’ils présentent des risques importants. »
Pourtant, depuis, la bataille technique, réglementaire, politique et juridique fait rage. L’article la décrit en détail et dans tous ses enjeux : protection des abeilles, économie et environnement.
Toute la question est de savoir si les mesures envisagées par la Commission Européenne sont pertinentes par rapport au risque théorique identifié par l’EFSA.
Pour les firmes, la réponse est clairement : non.
« Dans ses communiqués, Syngenta met en doute les conclusions du rapport de l’EFSA car les données sur l’utilisation des semences traitées n’ont pas été prises en compte. Bayer estime que l’interdiction pure et simple est “une mesure disproportionnée qui menace la compétitivité de l’agriculture européenne”. Selon Fytopharma, la fédération belgo-luxembourgeoise qui représente le secteur, c’est un “semblant de solution” au problème des abeilles. »
Pour certains groupes environnementalistes, les décisions envisagées ne vont pas assez loin.
Par exemple, « Pour Natuurpunt, l’association écologiste flamande, la proposition européenne ne va vraiment pas assez loin. “Il faut qu’il y ait une interdiction générale”, disent Jens D’Haeseleer (spécialiste des abeilles) et Annelore Nys (spécialiste de l’agriculture). »
Le buzz ne fait que rendre le débat plus émotionnel
« Le sort des abeilles préoccupe beaucoup de gens. Une pétition sur le site d’Avaaz a attiré en 36 heures 2,5 millions de signatures. La sortie en flamand du documentaire Des abeilles et des hommes est prévue le 20 mars. Si le film a du succès, le buzz n’est pas près de s’arrêter. »
La position scientifique :
Cependant, « le professeur Dirk de Graaf, spécialiste des abeilles à l’Université de Gand, reste sceptique. (…) Selon lui, le parasite varroa demeure le plus grand tueur d’abeilles. Il donne l’exemple de l’Australie, où l’on utilise les néonicotinoïdes dans l’agriculture et où il n’y a pas de varroa. La mortalité y est beaucoup plus réduite. (…) “une interdiction aurait un certain effet, mais ne résoudrait pas tout”. »
Les Etats Membres sont divisés sur la question. On risque d’aboutir à un blocage au Conseil des ministres de l’UE.
Ce que ne dit pas l’article, c’est que, pour résoudre la question, on pourrait aller vers la possibilité pour les Etats Membres d’accorder des dérogations temporaires. Ceci ne satisfera certainement pas les environnementalistes. Pour les producteurs, ceci signifierait des incertitudes, des difficultés pour protéger les cultures, et des distorsions de concurrence inacceptables et contraires à la volonté exprimée par l’UE d’harmoniser la réglementation phytosanitaire.
Pour les abeilles, les choses en seront-elles changées ?