Les ONG environnementalistes sont très actives sur le dossier « perturbateurs endocriniens ». Le point de la discussion en cours.
Les perturbateurs endocriniens dans le débat règlementaire
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances qui troublent le système hormonal, négativement et durablement. Ils peuvent donc entraîner des troubles importants et/ou irréversibles de santé.
Le règlement 1107/2009 prévoit que la perturbation endocrinienne est un « critère d’exclusion » : un PE ne devra pas pouvoir être utilisé comme produit phytosanitaire dans l’Union Européenne.
Cependant la Commission Européenne doit prendre position d’ici fin 2013 sur la définition précise de ce qu’est un PE. Cette définition fait l’objet d’un débat scientifique, sous haute pression médiatique et environnementaliste.
La définition des perturbateurs intervient également dans d’autres débats règlementaires européens en cours.
Les Etats Membres et leurs agences de sécurité préparent leur propre position. La France se veut pilote en la matière. Seule en Europe, elle a déjà adopté par ailleurs le principe d’une interdiction du Bisphénol A dans les contenants alimentaires. Elle est en train d’élaborer une « Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens » (SNPE).
Le Ministère de l’Environnement conduit cette stratégie.
Lire l’annonce de la Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens par Delphine Batho, lorsqu’elle était ministre de l’environnement.
Des ONG très « écoutées », mais toujours plus exigeantes
Dans ce débat, les ONG veulent faire valoir une définition très large : toute perturbation, même bénigne, même temporaire, devrait, selon elles, faire l’objet d’une exclusion aussi bien dans le cadre de la protection phytosanitaire qu’ailleurs (emballages, cosmétiques, etc.).
Si l’on retenait cette définition large et que l’on souhaitait éviter toute exposition, alors il faudrait interdire de nombreuses substances : Certains pesticides naturels utilisés en bio, certains médicaments, les pilules contraceptives bien sûr, mais aussi des substances alimentaires aussi courantes que soja, lait, alcool,…
En fait, les ONG environnementalistes veulent s’attaquer à toutes les substances phytosanitaires de synthèse, autrement dit à tous les « pesticides », honnis par définition. Elles appliquent donc le principe injustifiable de « deux poids, deux mesures », selon qu’une substance est naturelle ou de synthèse.
L’article « Perturbateurs endocriniens: la stratégie française du verre à moitié…plein », du Journal de l’Environnement (JDLE) est significatif de la forte influence revendiquée et exercée par les ONG environnementalistes dans la SNPE. Elles s’appuient pour cela par exemple sur le rapport Westlund, voté au Parlement Européen, et qui est déjà le fruit de leur lobbying.
Elles s’appuient aussi sur leurs succès politiques précédents concernant le Bisphénol A, mais aussi les néonicotinoïdes.
Elles ne s’estiment pourtant pas satisfaites, car elles veulent l’engagement précis et chiffré que le gouvernement suivra leur avis dans tous les cas et ce, quelle que soit la position de l’Union Européenne.
Pour se faire une idée de la position des ONG environnementalistes sur le sujet, lire le communiqué de presse et la présentation d’une pétition contre les PE d’un collectif d’ONG : Réseau Environnement Santé, Générations Futures, Sciences Citoyennes, WWF, etc.
Bref, la pression environnementaliste est extrêmement forte. Le risque est grand que le gouvernement et les élus soient influencés par ce lobbying intense et de nature très politique.
Une attitude politiquement responsable serait au contraire de s’appuyer sur les preuves scientifiques, et de prendre des décisions proportionnées aux risques, mais aussi aux bénéfices des substances en cause.
Pour aller plus loin, lire « Perturbateurs endocriniens : cacophonie dans l’UE » et « références sur les perturbateurs endocriniens » sur ForumPhyto, et, en particulier, Perturbateurs endocriniens : les pesticides et les autres (en français, in English), schéma élaboré par ForumPhyto, compilant plusieurs sources scientifiques et comparant les expositions et les pouvoirs endocriniens de différentes substances.