Ceux qui adorent détester Monsanto en ont fait leur idole : Paul François, agriculteur ayant subi une intoxication par le solvant d’un désherbant de la firme honnie, multiplie les interviews dans les médias environnementalistes depuis plusieurs années.
Certes, on ne peut que compatir à ses souffrances suite à l’accident ayant entraîné son intoxication. Qu’il obtienne réparation si, effectivement, l’étiquetage était insuffisamment informatif, ainsi qu’il le plaide, n’est que justice.
Qu’il en vienne à vouloir regrouper les victimes d’intoxication aux phytos est légitime, si cela permet de faire progresser la réglementation pour une meilleure information des applicateurs de produits phytosanitaires, et donc une meilleure prévention.
Mais, visiblement, le personnage se prend au jeu et sait fort bien exploiter son statut de victime ; ad nauseam…
Exemple : Dans « Sortir des pesticides : Paul François, l’insoumis à Monsanto », interview par Bastamag qui fait le buzz sur Internet.
Un faux précurseur…
Il y présente par exemple l’échange paille-fumier avec des voisins éleveurs comme une démarche pionnière. Alors que c’est une pratique très répandue.
Il propose que « l’on commence par retirer du marché tous les produits dangereux, cancérigènes et mutagènes notamment ». Alors que la plupart de ces substances ont déjà été retirées. Et la règlementation le prévoit explicitement pour toutes les futures autorisations à l’échelle européenne…
Quant aux alternatives, il vante les mérites des extraits de plantes et du purin d’ortie. Et « sur le colza traité à l’extrait d’ail, il constate qu’il n’y a pas eu d’attaques de charançons ».
Mais il reconnait aussi implicitement que ce n’est pas si simple : « « On essaie car on a besoin de solutions. »
Bref, ses innovations et recommandations agronomiques peuvent impressionner un public étranger aux questions agricoles. Elles n’apprennent rien de nouveau à la grande majorité des producteurs, tout aussi soucieux que lui de bonnes pratiques agronomiques.
… injustement méprisant.
Mais c’est surtout son mépris pour les techniciens et pour ses voisins et collègues qui est à relever :
« Même si on atteint 20 % de bio en 2020, que fait-on des 80 % qui, dans l’Eure ou la Beauce, continuent à produire n’importe comment ? »
Pire encore, il dit ne pas pouvoir compter sur la Chambre d’Agriculture pour l’aider « à sortir du tout chimique » : « Ils sont indécrottables », regrette-t-il. (…)
« Je reste droit dans mes bottes. Il y a des choses que le monde agricole doit entendre ».
Bref, pour Paul François, tout le monde est indécrottable, sauf lui. Il est permis de penser que c’est injuste et méprisant.
De plus, ce n’est pas forcément la meilleure voie pour une adhésion des agriculteurs à ses vues.
Mais, aujourd’hui, son objectif n’est-il pas surtout d’être présent dans les médias et de faire plaisir à son public, urbain et loin des réalités concrètes de l’agriculture ?