« Conseiller autrement l’utilisation des pesticides pour produire autrement » : tel est le titre d’un rapport établi par Patrice Blanchet et Fabrice Dreyfus, pour le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux. Ce rapport étudie tous les leviers qui permettront à l’activité de conseil phytosanitaire de contribuer durablement « aux objectifs de réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques fixés dans le cadre d’Ecophyto ». Il est essentiellement centré sur les grandes cultures et la vigne, mais la plupart des recommandations valent pour l’ensemble des cultures, y compris fruits et légumes.
Bien que contraint par l’objectif d’Ecophyto de réduction des volumes, le rapport établit bien les priorités et dresse un tableau réaliste de l’usage des produits phytos, de leurs conséquences environnementales et sanitaires.
Surtout, le rapport insiste sur l’importance de tenir compte des facteurs économiques, climatiques, régionaux pour les prises de décision en matière de protection phytosanitaire.
Bien que préconisant une généralisation de l’IFT[1], ce qui est contestable en tous cas dans le cadre des fruits et légumes, il milite pour du discernement dans son utilisation, en réservant « une part de confidentialité et de responsabilité de l’agriculteur »
Le rapport étudie en détail la question de l’indépendance du conseil et de la vente. Là encore, sa position est nuancée. Il dénonce sans détour la position de FNE[2], association environnementaliste, qui fait trop facilement des distributeurs de produits phytos un « coupable idéal ». Il milite au contraire pour un renforcement, mais pas un bouleversement, du cadre réglementaire.
Il fait le constat grave que « l’expertise phytosanitaire au [ministère de l’agriculture] est de plus en plus rare et son renouvellement problématique. Elle est limitée aux experts nationaux de la protection des végétaux, à quelques spécialistes « résiduels » en SRAL et à certains enseignants ou chefs d’exploitation de l’enseignement agricole ».
Il insiste donc sur la nécessité d’un renforcement de l’expertise phytosanitaire au sein du ministère de l’agriculture.
Bref un travail d’agronomes, qui vaut la peine d’être lu par les professionnels et qui mériterait d’être lu et pris en compte par le ministère. Le sera-t-il ?
Catherine Deger, dans Référence Environnement, a publié « Le conseil des distributeurs agricoles essentiel à la maîtrise des pesticides » (accès restreint), article qui fait une analyse brève de ce rapport.