Sous ce titre explicite, David, l’un des 5 du vin, un blog consacré à la viticulture, explique pourquoi il est légitime, dans certaines circonstances, de contraindre un viticulteur à appliquer un pesticide. Il apporte ainsi un éclairage différent de celui qui nous a été servi pendant des semaines.
Emmanuel Giboulot, un viticulteur bourguignon bio, a décidé de ne pas appliquer le traitement insecticide obligatoire dans les zones touchées pour protéger ses vignes contre la cicadelle, vecteur d’une maladie dévastatrice, la flavescence dorée.
Alors même que le traitement qu’il refuse d’appliquer est agréé bio (un pyrèthre). Pour échapper à la condamnation en justice, il a lancé une pétition. Les médias et les ONG environnementalistes ont largement relayé cette pétition d’un viticulteur qui « refuse de polluer ». Voir par exemple France3 Bourgogne, Le Monde, …
Quelques médias offrent un point de vue un peu plus nuancé. Par exemple Metronews, ou même, d’une certaine façon, les Inrocks, qui se pose des questions : l’extrême droite identitaire se mêlant aux verts et à certains mouvements de gauche pour soutenir Giboulot…
Les vignerons voisins, et la profession en général, sont plutôt remontés contre Giboulot : Si les traitements ne sont pas effectués correctement, c’est l’existence même du vignoble qui est en cause.
Comme l’explique David, l’un des 5 du vin, « Cette maladie, aux effets potentiellement désastreux pour la viticulture dans son ensemble, fait l’objet, depuis 1987, d’une politique d’observation, de quarantaine et, si besoin est, de traitement obligatoire. Depuis 1994 il est obligatoire dans toute la France. (…) Il faut, par exemple, arracher et brûler les vignes abandonnées, mais aussi repérer rapidement les pieds atteints dans les parcelles cultivées, puis les arracher et brûler. La Bourgogne, par exemple, a mobilisé 3,000 personnes dans ce seul but, permettant ainsi de cibler les zones à traiter. »
Il cite Olivier Leflaive, un autre vigneron : « En cas d’attaque violente, quel que soit le mode de traitement, nous ne nous interdisons rien en choisissant bien évidemment le moins polluant. Nous sommes avant tout pragmatiques et refusons l’intégrisme aveugle car nous considérons qu’il y en a déjà assez dans le monde! Un exemple frappant? La lutte contre la flavescence dorée, fléau qui s’accélère, et face auquel nous avons actuellement deux solutions :
1) la première, acceptée par l’approche biologique: un produit (pyréthine) à base de molécule identique au sarin (un gaz mortel) qui élimine bien la flavescente, mais qui tue aussi toute la faune auxiliaire (typhlodrome, abeilles).
2) la deuxième, un produit chimique, mais sélectif, donc qui n’attaque pas la faune auxiliaire.
Vous l’avez compris, dans ce cas le produit «bio» est plus nocif que le traitement chimique! Alors, que faut-il faire ? Que feriez vous à notre place? Bio à fond ou décision raisonnée?Sans certitude absolue, nous avons décidé d’être raisonnable… »
David conclut : « Emmanuel Giboulot a décidé de ne pas être raisonnable et de s’opposer à la nécessité, pour le bien de tous, de traiter chimiquement (mais tout est chimie, et alors?) contre cette maladie. En plus, il désobéit à la loi, comme ces crétins qui ont saccagé, en Alsace, voilà quelques années, une vigne expérimentale de l’INRA sans aucune raison scientifique valable, juste par peur du progrès, ou, du moins, d’un progrès possible. (…) Refuser la science, ou la solidarité face à de vraies menaces, tout en se créant une belle plateforme publicitaire auprès d’un public naïf, ne soulève aucune sympathie de ma part. »
L’intégralité de l’article vaut la lecture