Un supermarché français teste le concept à grand renfort de panneaux publicitaires : des fruits et légumes ne répondant pas aux critères esthétiques ou de calibrage sont vendus 30% moins chers. Est-ce vraiment une bonne idée ?
Voir l’article de LSA conso, revue professionnelle de la distribution alimentaire.
Au premier abord, éviter de jeter des carottes fourchues ou des tomates ayant une excroissance semble une idée louable.
Pourtant, elle soulève des difficultés importantes :
– De quels défauts visuels parle-t-on ? Une carotte pas tout à fait droite ? Une carotte fendue ? Avec un collet vert ? ou avec des asticots à l’intérieur ?
– En libre-service, les clients choisiront en priorité les moins « moches » du rayon. Pour que les clients ne soient pas floués, ne faudrait-il pas alors classer les fruits et légumes selon leur écart à la norme ? Selon quels critères ?
– Il existe déjà un moyen d’éviter un gaspillage inutile, compatible avec la normalisation, et donc complètement transparent : la catégorie 2. A quoi sert alors cette catégorie indéfinissable de fruits et légumes « moches » ?
– Immanquablement, une proportion plus importante de ces fruits et légumes moches resteront invendus. Quelle sera alors l’attitude du supermarché vis-à-vis du producteur ? Ne pas lui payer une partie de la marchandise ? Demander que le producteur écarte les plus « moches » ?
Bref, qu’on le veuille ou non, la normalisation des fruits et légumes est un facteur de transparence des prix entre vendeur et acheteur : entre le producteur et le supermarché, et entre le supermarché et le client. Avec ce concept opaque de fruits et légumes moches, le supermarché y gagne en notoriété. Il aura fait sa « bonne action ». Mais il n’est pas sûr que le consommateur ou le producteur y gagne quoi que ce soit…