On savait que la banane des Antilles fait face à la cercosporiose noire (voir ici, ici et ici sur ForumPhyto). La FAO a lancé une alerte mondiale à la jaunisse fusarienne ou maladie de Panama. Présente jusqu’à présent en Australie et Asie du Sud-Est, elle a fait son apparition au Mozambique et en Jordanie en 2013.
Une première race de ce champignon a fait disparaître la banane Gros Michel, variété sensible, dans les années 1950. La variété Cavendish, aujourd’hui largement cultivée dans le Monde avait été développée pour sa résistance. Mais la Cavendish est sensible à la race 4 de la jaunisse fusarienne qui inquiète aujourd’hui tous les spécialistes de la banane.
Véhiculée par un champignon présent dans le sol, elle se répand extrêmement vite : le véhicule principal est l’homme qui transporte des particules de terre aux semelles de ses chaussures et aux pneus de ses voitures.
La maladie épargne pour l’instant le continent américain (et les Antilles) qui produit les 4/5 de la banane mondiale.
Les végétaux cultivés peuvent être attaqués par des maladies ou des parasites extrêmement dangereux et se propageant vite. De telles attaques, si l’on n’y fait pas face peuvent remettre en cause la sécurité alimentaire (la fourniture en nourriture) de régions entières. Elles peuvent même affecter l’alimentation à un niveau mondial.
Pour protéger les plantes de tels agresseurs, plusieurs méthodes doivent être utilisées conjointement. Par exemple :
– Eviter la propagation par une surveillance des territoires indemnes,
– Prendre des mesures prophylactiques (ici : nettoyage minutieux de tout matériel susceptible d’emporter des particules de terre),
– Développer des variétés résistantes, par des techniques génétiques classiques ou par modifications génétiques
– Appliquer des produits phytosanitaires efficaces et de façon coordonnée à une échelle régionale. Ceci peut inclure, lorsqu’ils sont efficaces, des produits de biocontrôle (insectes auxiliaires, champignons antagonistes, …)
– Former les agriculteurs et les ouvriers intervenant sur la culture
Même si elles ne sont pas toujours suffisantes à protéger totalement les cultures, toutes ces actions, validées scientifiquement et adaptées au bioagresseur particulier et au terrain, sont nécessaires.
Du fait des changements climatiques, mais surtout de la mobilité des hommes à l’échelle mondiale, les parasites émergents sont un enjeu essentiel de protection des plantes, et donc de sécurité alimentaire à l’échelle mondiale.
Pour aller plus loin :
Lire les articles du Monde, de La Croix, de 7sur7.be
Quelques autres exemples de bioagresseurs émergents sur d’autres cultures.
Dans le monde : la maladie du dragon jaune sur orange, la mouche des fruits (Bactrocera invadens) sur mangue, Tuta absoluta en tomates…
En France : la flavescence dorée de la vigne, Drosophila suzukii sur fruits rouges, pseudomonas syringae sur kiwi…