A l’occasion du centenaire de la mort de Jean Jaurès, Trop Libre, site Internet d’un Think Tank « libéral, progressiste et européen », a pris l’initiative de mettre en ligne un texte de sa plume : « La houille et le blé », paru en 1901.
Il y évoque la « grandeur du génie humain », mettant en évidence l’utilisation par l’agriculture des moyens de la science et de l’industrie.
Extraits :
« Mais n’est-ce pas l’homme aussi qui crée le blé ? Les productions que l’on appelle naturelles ne sont pas pour la plupart – celles du moins qui servent aux besoins de l’homme – l’œuvre spontanée de la nature. Ni le blé ni la vigne n’existaient avant que quelques hommes, les plus grands des génies inconnus, aient sélectionné et éduqué lentement quelque graminée ou quelque cep sauvage. C’est l’homme qui a deviné dans je ne sais quelle pauvre graine tremblant au vent des prairies, le trésor futur du froment. C’est l’homme qui a obligé la sève de la terre à condenser sa plus fine et savoureuse substance dans le grain de blé, ou à gonfler le grain de raison.
Les hommes oublieux opposent aujourd’hui ce qu’ils appellent le vin naturel au vin artificiel, les créations de la nature aux combinaisons de la chimie. Il n’y a pas de vin naturel ; il n’y a pas de froment naturel. Le pain et le vin sont un produit du génie de l’homme. La nature elle-même est un merveilleux artifice humain.[…]
L’union de la terre et du soleil n’eut pas suffi à engendrer le blé. Il y a fallu l’intervention de l’homme, de sa pensée inquiète et de sa volonté patiente. […]
La houille est près du grenier. Que la science soit près du moissonneur. L’âme du feu de l’industrie est entrée dans le travail du paysan, que l’ardente pensée du progrès, âme de feu de l’histoire humaine, entre aussi dans son cerveau. »
Aujourd’hui « l’ardente pensée du progrès, âme de l’histoire humaine » est entrée dans le cerveau des paysans.
Mais elle semble être sortie du cerveau de beaucoup de nos contemporains qui ne voient plus à quel point « La nature elle-même est un merveilleux artifice humain. »
C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, il est utile de le rappeler.