S Le Foll, ministre français de l’agriculture, se félicite de la position pionnière de la France en matière d’agroécologie, abordée lors d’un symposium international de la FAO(1). Mais qu’est-ce que l’agroécologie ?
Dans « L’agro-écologie : l’agriculture autrement » (Huffington Post), S Le Foll donne une définition pleine de bons sentiments et de phrases aussi creuses que politiques. Qui serait contre « privilégier les auxiliaires de cultures tels la coccinelle pour combattre les pucerons au lieu d’utiliser un insecticide » ? Qui serait contre « développer une agriculture intensive en savoirs! ».
Tous les agriculteurs sont d’accord. En plus, eux l’adaptent concrètement et dans le détail au terrain et à toutes les contraintes agronomiques et économiques qu’ils rencontrent. Vouloir développer réellement cette agriculture demande essentiellement le développement des connaissances agronomiques et des échanges d’informations, dont les agriculteurs sont preneurs.
Mais, pour les militants historiques, l’agroécologie ce n’est pas cela. Le terme a été au départ introduit par des personnes ayant une conception vitaliste et non-scientifique.
Dans « L’agroécologie : transition ou but ultime ? », Jacques Caplat, partisan inconditionnel de l’agriculture biologique, est très clair : « C’est précisément pour revenir à ces fondements originels de la bio qu’une partie des adhérents de Nature & Progrès ont choisi au début des années 2000 de parler d’agroécologie. C’est également pour appuyer la dimension sociale de la bio (fondamentale pour Pfeiffer ou Müller) que Pierre Rabhi avait décidé dès les années 1980 d’utiliser ce terme : son livre de chevet était d’ailleurs Fécondité de la terre ».
Du point de vue de sa perspective, il dénonce l’agroécologie du ministère de l’agriculture comme « au mieux inefficace, au pire hypocrite ».
La France Agricole signale d’ailleurs la « dénonciation » par des organisations environnementalistes de l’agroécologie à la mode Le Foll.
S Le Foll veut politiquement calmer les extrémistes de l’agroécologie en reprenant leur terme. Mais il ne pourra pas les satisfaire. Et il s’attirera
Le symposium « facilité » par la FAO(1) a sans doute permis une meilleure compréhension et des échanges d’informations entre agronomes et gouvernements du monde entier. Voir le programme de ce symposium. Il ne lève pour autant pas les ambiguïtés, voire les contradictions entre les deux définitions très différentes de l’agroécologie.
Pour aller plus loin : « L’agro-écologie, c’est quoi au juste ? (reportage de l’AFIS Ardèche) »
(1) Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation