Dans la Gazette de l’AFIA du 25 septembre 2014, Pierre Chol, agronome, plutôt favorable à l’agriculture biologique s’oppose fermement à la confusion, courante dans les médias, entre « biodynamie » et « culture biologique ».
Il relève notamment un article récent de 7 pages sur Télérama N°3374 d’un rédacteur en chef, Vincent Rémy sous le titre « Quel bon vin vous amène ? ».
Extraits de la lettre que Pierre Chol a envoyée à Télérama à ce propos (mises en gras par nos soins) :
« Sur 7 pages ! Ça ne va pas, Télérama de faire l’apologie de la biodynamie ; qu’est-qui t’a pris ?
Quelle mouche a piqué Vincent Rémy, rédacteur en chef, excusez du peu et qui vient de publier un livre autour des questions du savoir et de la transmission.
Quel savoir transmis par cet article qui entretient systématiquement et volontairement la confusion entre la culture biologique qui est l’avenir d’une agriculture démocratique appuyée sur l’innovation et la biodynamie qui est totalitaire, obscurantiste, fascisante.
Malgré Sciences-Po, il présente la biodynamie et ses pratiques ésotériques comme la seule alternative à la « culture chimique » alors qu’elle est un syncrétisme de pratiques obscurantistes et magiques, la négation de l’agronomie qui est une science de la complexité. Il devient le complice des charlatans qui voudraient nous faire croire que tout est simple dans leur monde fantasmé et qu’il devrait, au contraire, dénoncer.
(…) C’est comme si, en médecine, on proposait de revenir aux sorciers, aux chamanes sous prétexte que ses dérives parfois constatés nous condamnaient à jeter aux orties des siècles de recherches et de pratiques médicales.
(…) Que [Vincent Rémy] puisse publier sans honte les fadaises renversantes de bêtises concernant « les fameuses cornes de la biodynamie, remplies de bouse ou de silice, enterrées à l’automne, ressorties au printemps » est scandaleux et déshonore le journal. Il y a aussi le « dynamiseur » qui coûte cher et qui « transmute » le contenu de la corne, quelques grammes seulement, en produit homéopathique miracle qui, pulvérisé sur de grandes surfaces, permet aux racines de chercher la roche et donne au feuillage un éclat incomparable. Qui peut croire en de telles fadaises ?
(…) Comme tous les miracles, c’est confondant d’ignorance et de croyances absurdes ! Et c’est confirmé par une logorrhée (que l’auteur qualifie de brillante partition) où se mélangent « le yin et le yang, que sont la silice et la bouse de corne (quelques milligrammes par ha) qui régulent la physiologie de la vigne, permet l’harmonie avec l’influence vibratoire du Soleil, un peu de la Lune, rétroviseur du Soleil, et de Vénus et Mercure, les planètes dites « intérieures » placées entre le Soleil et la Terre, silice mettant en relation la plante avec le Cosmos ».
Il est probable que ces viticulteurs qui ne sont pas des terriens, sont bien plus intéressés par les plus-values engrangées par des produits qu’ils baptisent « vins vivants » auprès de consommateurs friqués et abusés, que par le bien-être de leurs vignes dont ils ne connaissent rien de la physiologie ni des écosystèmes où elles se développent.
Que veut dire « La vigne retrouve un équilibre. Les fruits gardent la trame et la vibration du terroir ».
Qu’est-ce que la trame et la vibration du terroir ? Vincent Rémy, vous débloquez ou Véronique ou d’autres belles vigneronnes biodynamisantes vous ont mithridatisé contre la bêtise.
Et vous en rajoutez puisque vous citez ce slogan inepte : « La biodynamie contribue au sauvetage des paysages car il y a dans la philosophie de Rudolf Steiner, l’idée d’une interaction entre l’homme, les animaux, les arbres, les plantes… »
Pour conclure, la biodynamie est un ensemble de croyances simplificatrices indémontrées, une escroquerie, comme l’homéopathie alors que la culture biologique s’appuie sur la recherche, l’expérimentation scientifique et l’intelligence des agriculteurs. La culture biologique permet une libération individuelle basée sur une meilleure compréhension de l’environnement alors que la « biodynamie » est un enfermement pyramidal de ses adeptes enrôles par des promoteurs rompus à un lobbying capable d’intoxiquer des média qui collaborent scandaleusement à la diffusion de contre-vérités.
Ainsi, vous avez décrédibilisé définitivement votre journal que je cesserai de lire. »
[fin de citation]
Guy Waksman, responsable de la Gazette de l’AFIA, remarque ensuite :
Que les promoteurs de la biodynamie prennent des risques consentis, c’est une chose. C’est leur affaire. Mais qu’ils incitent d’autres producteurs à aller au casse-pipe, cela en est une autre.
Par contre j’ai toujours pensé que si des gens sont contents de consommer des produits bio que d’autres sont contents de produire, tout est pour le mieux. C’était à mes débuts professionnels et cela m’avait valu d’être considéré comme un rêveur.
(…) Que ceux qui veulent et peuvent se passer des outils (modernes que sont les OGM, les phytos, etc.), le fassent, je trouve cela très bien.
Que vivent donc en paix et côte à côte nos agricultures (loin des charlatans) ! »
Lire l’intégralité de ces interventions sur la Gazette de l’AFIA.