Sous ce titre (en français, in English, en español), Christophe Bouchet, sur son blog CulturAgriCulturE, partant des questions posées sur les réseaux sociaux, analyse la réglementation phytosanitaire européenne. Il met en évidence l’absurdité des différences d’autorisations entre les différents Etats Membres, qui amènent des malentendus, exploités par les marchands de peur.
Alors que le processus européen d’autorisation d’une substance est long, coûteux et exigeant, il est doublé d’un processus à l’échelle de chaque Etat Membre. Chacun doit autoriser chaque usage de chaque substance. Ainsi « un produit peut être autorisé par exemple sur Olivier en Espagne mais pas en France, tout en étant homologué sur pomme de terre en France mais pas en Espagne. C’est vraiment complexe, parfois aberrant, souvent difficile à admettre pour les agriculteurs, mais c’est la réalité »
« Et c’est là », poursuit-il, « qu’il faut préciser les choses » et distinguer deux cas :
« Les importations frauduleuses de pesticides en provenance d’un autre pays de l’Union. Ce cas, de très loin le plus fréquent, constitue un délit légal, mais ne représente pas un risque pour l’environnement ou la santé (…)
Les importations frauduleuses de pesticides en provenance de pays non comunautaires. » qu’il analyse comme plus risqué : molécules plus anciennes encore autorisées dans certains pays mais pas dans l’UE, ou molécules récentes non encore approuvées dans l’UE.
En conséquence, « laisser entendre ou affirmer clairement que les aliments produits en Espagne sont dangereux car traités frauduleusement avec des produits interdits, je me dois de protester. C’est faux et archi faux. Il se peut qu’ils aient été traités avec des produits interdits en France, c’est vrai. Mais ce sont des produits totalement légaux en Espagne, c’est-à-dire en Europe, France comprise, même si leur utilisation n’y a pas été autorisée que j’ai expliqué précédemment. C’est difficile à accepter dans un marché unique bien sûr, puisque ça laisse la porte ouverte et à l’incompréhension. En plus ça crée inutilement des différences de compétitivité. »
Montrant ensuite que des cas symétriques existent, Christophe Bouchet insiste surtout sur les autres facteurs de différences de compétitivité : différence de coût de main d’œuvre en particulier, sur lesquels malheureusement, l’Union Européenne ne fait rien.
Pour lui « les problèmes de concurrence interne à l’Union ne peuvent se régler par des politiques systématiques de dénigrement, comme celles lancées ces derniers mois en France vis-à-vis des produits espagnols en particulier »
La totalité de l’article vaut la peine d’être lue. Nous ne pouvons qu’approuver sa volonté de souligner l’absurdité des différences de réglementation phytosanitaire entre Etats membres de l’UE et la nécessité d’un harmonisation rapide dans les faits et pas seulement dans une intention réglementaire inaboutie…