Sous ce titre, Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP (Producteurs de pommes), démonte ironiquement l’opération marketing « fruits et légumes moches » d’Intermarché.
« Le point de départ de tout ça, c’est le mot d’ordre très louable de lutte contre le gaspillage alimentaire. » concède D Sauvaitre.
Mais le paysage réel des pertes de fruits et légumes n’est pas du tout celui dépeint par l’opération marketing : Si des fruits et légumes se perdent, c’est avant tout « Au champ, quand la valeur marchande attendue ne permet pas de couvrir les coûts de récolte. Ce qui arrive régulièrement. Ou bien lorsque que des attaques de ravageurs divers n’ont pas pu être maîtrisées. Ce qui devient de plus en plus fréquent. Et bien sûr aussi à cause d’un gel, d’un excès de pluie, d’un soleil trop brulant ou d’une chute de grêle. Mais ça aussi, c’est consubstantiel au métier de paysan.
Contre ces pertes, pas besoin de venir enquêter à grand frais avec l’argent du contribuable pour voir comment les limiter, le paysan s’en charge. Il fait de son mieux avec les moyens dont il dispose. Et c’est bien entendu du côté des moyens de protection contre les bioagresseurs que la puissance publique serait la bienvenue. Mais je sais, c’est nettement moins sexy en terme de communication et un peu plus casse gueule que de vouloir faire vendre des gueules cassées. »
A l’étape suivante, lors du tri, « Pour ce qui concerne les pommes, aucune ne se perd si elle est moche et saine, trop petite ou trop grosse. Elle devient jus ou compote. »
Indulgent, Daniel Sauvaitre omet de mentionner que les fruits et légumes « moches » que l’on trouve réellement dans les rayons ne correspondent pas à la pub. On y voit des produits flétris, en partie pourris, attaqués par des parasites…, c’est-à-dire non pas « moches », mais malsains.
Au total, conclut D Sauvaitre, cette pub « amuse les consommateurs […] Mais cela n’aide vraiment pas à la compréhension des réalités de la production et du gaspillage alimentaire. »
D Sauvaitre s’interroge également malicieusement sur l’étonnante discrétion sur ce type d’opération de la part de la DGCCRF (Répression des Fraudes), normalement chargée de faire respecter la réglementation.
Lire l’intégralité de l’article de Daniel Sauvaitre
Pour aller plus loin :
« Des fruits et légumes « moches » pour lutter contre le gaspillage alimentaire ? », article où nous soulignions que la normalisation est un facteur de transparence utile au producteur et au consommateur.
Commentaire d’un lecteur anonyme :
Scoop : L’opération fruits et légumes moches est un tel succès qu’Intermarché envisagerait de lancer de transformer ses magasins en Intermoche !