Sous le titre « Du Kenya à l’assiette, le parcours pas si vert des haricots », Le Monde publie un article moins polémique et plus instructif qu’il n’y parait.
Les hauts plateaux kényans, chauds mais pas caniculaires, sont propices à la culture de légumes. Les haricots verts kényans sont massivement exportés vers l’Europe (UK, Pays-Bas, France et Espagne).
C’est une opportunité économique… mais essentiellement basée sur une main-d’œuvre très faiblement rémunérée. Ce débat économico-politique est l’objet d’une partie importante de l’article.
La protection phytosanitaire est longuement abordée dans la deuxième partie de l’article. L’image de la production kényane est mauvaise car « nombre de producteurs, en particulier les plus petits, ont pendant des années usé et abusé des pesticides. » Le diméthoate, interdit dans l’Union Européenne, est pointé du doigt. Il faut dire que les conditions climatiques sont aussi très bonnes pour les insectes ravageurs et « il est difficile de faire pousser nos légumes sans pesticides ».
Cependant, la filière se mobilise pour améliorer les pratiques.
D’une part, « les grosses fermes et les gros exportateurs, comme Finlays, Veg Pro ou Frigoken, savent produire de manière à éviter les résidus de pesticides. Mais on a encore des problèmes avec certains petits producteurs, plus difficiles à contrôler »
D’autre part, des chercheurs lancent des pistes de protection par des filets anti-insectes et par des techniques s’appuyant sur les principes de l’agro-écologie (associations de cultures, utilisation d’huiles essentielles, piégeage…). Mais Thibaud Martin, chercheur et initiateur de telles démarches, reconnait : « La lutte biologique est plus difficile et longue à mettre en place, davantage basée sur la prévention. On veut profiter de la filière d’exportation de haricots verts, qui a un objectif de qualité, pour développer des techniques qui serviront aussi à d’autres cultures. »
Malgré une tonalité environnementaliste pas toujours pertinente, l’intégralité de l’article vaut le détour. On y voit bien que les obsessions du marché européen quant aux résidus de pesticides ont les mêmes conséquences ambigües que les aspects économiques : obstacle pour les petits producteurs et en partie moteur à moyen et long terme pour la recherche et pour les grosses structures