Sous le titre « Pesticides, la fabrique infernale », Rémi Barroux, Le Monde, signe un article qui mélange allègrement deux problèmes très différents : la vraie contrefaçon, sujet principal de l’article, et le manque d’harmonisation européenne, question sous-estimée et maltraitée.
De réelles informations
Cet article, abondamment illustré, est riche de réelles informations sur la vraie contrefaçon, effectivement principalement d’origine chinoise via Pays de l’Est (ici l’Ukraine). Avec deux dimensions à cette contrefaçon :
– Des substances conformes aux attente et demande du client, mais fabriquées sans licence et sans royalties à la firme détentrice de la substance au niveau mondial. Seul lésé : la firme phyto…
– Des substances douteuses : impuretés importantes, voire présence d’une autre substance dans le même bidon, etc. Lésés : la firme et …l’agriculteur utilisateur
Il est normal de réprimer de tels agissements. Et d’informer les producteurs des risques, y compris agronomiques qu’ils encourent…
Le manque d’harmonisation européenne, question maltraitée
Le manque d’harmonisation de la réglementation européenne est la raison principale du trafic entre l’Espagne et la France par exemple. Alors que, par un règlement, l’Union Européenne affiche depuis 2009 sa volonté d’harmoniser les conditions de commercialisation et d’utilisation des pesticides, les différences de législation entre Etats Membres ne sont toujours pas résolues. Dans certains cas, elles s’accroissent même, ainsi que les distorsions de concurrence qu’elles entraînent.
Comment comprendre qu’un même produit, pour un même usage dans les mêmes conditions, soit autorisé en Espagne, en Belgique ou en Allemagne et pas en France !? La reconnaissance mutuelle encouragée par le règlement 1107/2009 n’est pas mise en place dans les faits : obstacles administratifs, blocages politiques, volonté des Etats Membres de garder leurs prérogatives, etc.
A ce problème, la solution ne peut être QUE l’harmonisation. Et, fondamentalement, n’est PAS la répression.
Malgré la précision et le sérieux de l’enquête sur la vraie contrefaçon, la confusion des problèmes n’est pas le signe d’un journalisme de qualité. Mais surtout, cette confusion nuit à la crédibilité des campagnes anti-contrefaçons auprès des producteurs et renforce la mécompréhension du grand public sur la question phyto.
Sous le titre « Pesticides connection », une autre version de l’article, plus sobre (moins d’illustrations) est disponible sur le site de Duclair Environnement.