Tout le monde s’accorde sur la gravité de la situation : La bactérie xylella fastidiosa constitue une menace majeure pour les oliviers du sud de l’Italie. Mais de nombreux points restent objets de débat, et l’importance des enjeux économiques, culturels et politiques complique les prises de décision.
Le ministère français de l’agriculture a publié un questions/réponses assez complet et pédagogique sur la situation, les plants susceptibles d’être touchés, les pays déjà touchés, la propagation de la maladie, les symptômes, l’avis de l’EFSA (agence européenne de sécurité), les mesures réglementaires européennes, les mesures françaises destinées à empêcher l’introduction de xylella sur le territoire.
L’EFSA a émis un premier avis en janvier 2015. Un point important est qu’en Italie, les oliviers symptomatiques sont généralement touchés par un complexe de ravageurs dont Xylella fastidiosa, mais également des champignons pathogènes. Des ONG et des producteurs italiens inquiets de devoir détruire des oliviers centenaires s’appuient, entre autres, sur ce fait pour contester la validité cette destruction. Dans un deuxième avis le 17 avril 2015, l’EFSA conclut que les données scientifiques actuelles ne permettent pas de mettre en cause les champignons comme facteur premier du dépérissement des oliviers.
D’autre part, Copa-Cogeca, organisation européenne des agriculteurs et des coopératives, dans des lettres aux commissaires Phil Hogan (DG Agri) et Vytenis Andriukaitis (DG Sanco) demande des mesures compensatoires pour les producteurs, des mesures effectives afin d’éviter la diffusion de la maladie et des recherches rapides et prioritaires pour trouver des outils pour combattre xylella fastidiosa.
De nombreux articles de presse informent de la situation de façon brève. Par exemple, metro signale les premiers abattages d’oliviers en Italie, Le Monde et Euronews mentionnent la découverte de la bactérie sur un plant de caféier en France, Nice Matin annonce la découverte d’un cas suspect près de Nice.
Il y a aussi des articles de fond qui permettent de saisir toute la complexité de la situation.
Sous le titre « Au chevet des oliviers du Salento », Fabien Goubet, dans letemps.ch, rend compte des débats autour de la lutte pour sauver les oliviers. Le texte et les images montrent l’importance économique, culturelle et symbolique de l’olivier dans les Pouilles.
Dans « Les oliviers du Salento au cœur d’une psychose aux intérêts multiples », jetdencre.ch montre toute la complexité politique et peut-être les incertitudes scientifiques de la situation. Cependant, certaines des informations qu’il présente étant pour le moins douteuses, il convient d’être prudent. Il en est d’ailleurs de même avec l’article de La Croix.
La situation est extrêmement confuse dans le sud de l’Italie. Toutes sortes de bruits contradictoires circulent. Ils sont le témoin de l’importance non seulement économique, mais aussi culturelle, symbolique et civilisationnelle de l’olivier : la perspective de devoir abattre ne serait-ce qu’une partie des oliviers est vécue comme une tragédie.
En attendant de disposer d’autres moyens de protection, l’abattage des oliviers atteints est le principal moyen disponible pour limiter la propagation, même si son efficacité n’est que partielle et demande une expertise ultérieure.
De plus, malgré les mesures réglementaires européennes de limitation de la propagation et celles d’interdiction d’importation prises par la France, il sera extrêmement difficile d’empêcher Xylella fastidiosa de se répandre en Europe. Le seul vrai espoir est la recherche scientifique, annoncée comme prioritaire, sur les moyens de protection : agronomiques, de biocontrôle ou conventionnels.
Pour aller plus loin :
« Xylella Fastidiosa, menace émergente (suite) »
« Bactérie Xylella Fastidiosa (Dossier de liens, B Peiffer) »