Se sentant probablement distancée par ses concurrentes environnementalistes, l’ONG Greenpeace France, habituellement virulente en France sur la question des OGM a décidé de marquer son territoire sur la question des pesticides.
Cette opération de communication très professionnelle, comme Greenpeace sait les organiser, a été bâtie autour de trois évènements concomitants :
– Publication de « les pesticides sèment le trouble », un rapport essentiellement alarmiste, aux allures scientifiques
– Publication de « Pesticides : c’est notre santé qui est en jeu ! », donnant la parole au Pr Sultan, connu pour ses publications contestables, qui déclare : « Il faut abolir l’utilisation des pesticides en France »
– Manifestation-spectacle devant les locaux d’InVivo, proclamant « Philippe Mangin, Thierry Blandinières: empoisonneurs » Voir article de lepoint.fr.
Cette opération a été largement relayée par les médias et les réseaux sociaux.
InVivo a réagi officiellement sous le titre « InVivo réaffirme ses positions suite à l’occupation de ses locaux par Greenpeace ».
Points principaux de leur position : « Pour produire plus et mieux, InVivo mise sur toute la palette des solutions techniques disponibles, dont les pesticides, et investit fortement dans les domaines de l’agro-écologie, du biocontrôle et de l’innovation technologique (big data et agriculture de précision). (…) Les produits phytosanitaires occupent aujourd’hui une place incontournable dans la palette des solutions disponibles pour répondre à l’objectif de produire plus et mieux. (…) Simultanément, InVivo consacre des moyens importants (200 collaborateurs dédiés) à la recherche et au développement dans les domaines de l’agro-écologie (qualité de l’eau, biodiversité, réchauffement climatique) et du biocontrôle. (…) De tous temps, l’innovation et la technologie ont été les leviers de progrès pour mieux produire et mieux nourrir les hommes. »
Sous le titre « Pesticides et santé : la communication biaisée de Greenpeace », le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France (CSLFLF) répond au fond du rapport et la « communication tapageuse » de Greenpeace. Le CSLFLF souligne que les études scientifiques existent et qu’elles démontrent que l’espérance de vie est plus longue chez les agriculteurs. Mais « encore faut-il les lire ! ».
Il faut rappeler que le CSLFLF a publié récemment une monographie s’appuyant sur des études scientifiques reconnus officiellement. Voir ici sur ForumPhyto.
On peut se demander si cette action de communication de Greenpeace ne signe pas un investissement sur ce dossier de leur part sur le long terme. En France, Greenpeace agissait principalement sur les questions du nucléaire et des OGM. Veulent-ils (re)gagner du terrain sur les autres organisations anti-pesticides, plus « artisanales » en termes de communication, qui ont fleuri ces derniers temps en France ?
Les producteurs et leurs organisations doivent bien prendre la mesure de ce genre d’actions qui peuvent être dommageables pour le potentiel de l’agriculture française, sans rien apporter ni à leur santé, ni à la protection de l’environnement.