Sous le titre « how toxic is it ? » (In English) (Combien est-ce toxique ?), Washington Friends of Farms & Forests (Les amis de l’agriculture et des forêts de l’Etat de Wahsington, USA), met en ligne une infographie parlante y compris pour les moins anglophones d’entre nous.
Où l’on voit que la caféine est 47 fois plus toxique que le chlorothalonil, un fongicide de synthèse. Que la roténone (pesticide utilisable en bio aux USA, mais maintenant interdit en Europe) est plus de 100 fois plus toxique que l’imidacloprid (un insecticide néonicotinoïde), etc.
Cette infographie est intéressante. Elle mériterait cependant d’être complétée par la prise en compte de l’exposition. Par exemple, la vitamine D3 est présentée ici, à ,juste titre comme très toxique. Mais cette vitamine en très petites quantités est utile à l’organisme.
La toxicité présentée ici est le danger intrinsèque. Elle ne présente qu’un élément du risque réel.
Pour mesurer le risque réel, Bruce Ames, toxicologue US, a développé l’indice HERP (Human Exposure / Rodent Potency, Exposition Humaine / Puissance toxique pour le Rat), « un indice qui correspond au pourcentage de la dose limite, reconnue comme cancérogène pour les rongeurs, reçue quotidiennement par une personne tout au long de sa vie ». Voir ici (in English).
Pour certaines substances (typiquement ici la vitamine D3), cela change beaucoup le jugement que l’on peut porter. Mais globalement, les conclusions de Bruce Ames restent similaires : notre société surestime largement le risque lié aux substances synthétiques.
En particulier à propos des résidus dans l’alimentation : Nous ingérons 10 000 fois plus de pesticides naturels, produits naturellement par les plantes pour se défendre contre les bio-agresseurs, que de pesticides synthétiques. Dans une seule tasse de café, nous ingérons autant de pesticides cancérigènes naturels que tout ce que notre alimentation nous fournit en un an en pesticides synthétiques. Pour plus de détails, voir ici et ici
Commentaire de Julien Sérandour, le 04 juin 2015:
L’article pourrait être très intéressant à utiliser pour illustrer, convaincre et contre-argumenter lors de débats contre des anti-phytos.
Deux remarques cependant:
– On ne parle que de toxicité aigue, pour moi ce serait complet si il y avait 2 graphs : celui-ci et celui avec les valeurs de toxicité chronique de référence sur mammifère
– « notre société surestime largement le risque lié aux substances synthétiques » je pense plutôt que la société manque de connaissances sur son exposition au quotidien à des substances, naturelles ou chimiques, de toxicité similaire ou pire que les pesticides. Et du coup ça ne lui permet pas de relativiser.