Générations Futures (GF), organisation anti-pesticides par principe, vient de livrer son 5° rapport sur les perturbateurs endocriniens. Cette fois-ci, le rapport de GF vise les résidus de pesticides dans les salades : Vide sur le fond, du doute savamment distillé dans la forme, juste de quoi entretenir leur fonds de commerce : tenter de semer la peur.
Voir sur le site de GF : leur communiqué de presse, leur rapport intégral, les résultats bruts
Dans les médias
La presse grand public et les réseaux sociaux en rendent compte généralement sans distance. Par exemple : Le Figaro, France Info, BFM-TV
Le Point donne toutefois brièvement la parole à Bernard Géry, porte-parole du collectif de maraîchers et d’arboriculteurs Sauvons les fruits et légumes, pour qui les résidus « sont au moins dix fois inférieurs aux limites maximales de résidus fixées par les autorités ». Mais Le Point redonne aussitôt la parole à GF pour qui « si les quantités relevées sont relativement faibles, les experts mettent en garde contre l’« effet-cocktail » qui pourrait en résulter »
Des médias liés à la profession relèvent certains points faibles du rapport de GF :
Sous le titre « Les salades de Générations Futures », Alerte Environnement « décrypte la méthode com’ » de GF, dénonce son attitude de « pyromane qui vend des extincteurs… » et surtout ironise à juste titre sur le conflit d’intérêt de GF, dont « une bonne partie [des] subventions vient du lobby du bio ».
Sous le titre « Enquête « salades » de Générations Futures : Halte à la manipulation ! », le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France (CSLFLF) souligne à juste titre que « Grâce aux outils ultra-performants de laboratoire, on peut désormais détecter tout et n’importe quoi sur n’importe quel produit, y compris des produits interdits depuis 40 ans comme le DDT » et que le « premier pesticide en quantité utilisé en bio (et dans une moindre mesure en conventionnel), le cuivre est bizarrement « oublié » par Générations Futures ». Le CSLFLF remarque également que « l’ONG n’a pas réalisé la moindre étude sur les agents microbiologiques qui sont pourtant les premières préoccupations sanitaires »
Le CSLF en profite pour rappeler sa récente étude VIGIE F&L 2015. Cette étude est intéressante malgré quelques points discutables dans le détail. Par exemple, le CSLFLF y évoque le rapport entre la LMR[1] et le résultat trouvé à l’analyse comme d’un « facteur de sécurité pour le consommateur ». Cette formulation a l’inconvénient de propager l’idée fausse, popularisée par les environnementalistes, que la LMR est une limite de sécurité. Or la LMR est essentiellement une limite réglementaire liée aux bonnes pratiques agricoles, la plupart du temps très inférieure à toute limite de sécurité. Voir ici sur ForumPhyto.
Notre point de vue
La rhétorique de GF mélange savamment les phrases faussement rassurantes : « Non, vous pouvez continuer à en manger (de la salade) »…Et les menaces affirmées sous couvert d’ambiguïté : « Il n’y a aucune certitude, que des suspicions »[2] (en prenant soin de prétendre se baser sur les études des autorités sanitaires).
Le tout ne s’appuie que sur la capacité des laboratoires à trouver des traces de plus en plus insignifiantes.
On pourrait croire à une incompétence pitoyable de GF en matière scientifique : plus le temps passe, plus les dossiers de GF sont vides sur le fond.
Mais leur capacité à torturer les données montre qu’ils sont au contraire « intelligents », malignement intelligents, pour alimenter leur fonds de commerce : le doute pour instiller la peur ; pour cultiver « l’heuristique de la peur » chère à Hans Jonas. Et surtout pour le faire avaler à des médias friands de catastrophisme.
Au-delà de la critique technique du rapport creux de GF, c’est bien à la dénonciation d e cette méthode profondément malhonnête que les efforts de la profession doivent porter.
Nota Bene : Dans un précédent article, nous avions dévoilé « Les méthodes très particulières de Générations Futures »: Par courrier, GF a proposé aux grands distributeurs alimentaires de les aider à ne pas subir les effets négatifs de leur rapport annoncé…
Une « attitude de pyromane qui vend des extincteurs », fort justement dénoncée par Alerte-Environnement.
[1] Limite maximale de Résidu
[2] Ces phrases sont tirées de l’interview donnée par F Veillerette à France Info