Sous le titre complet « Pesticides dans les salades. Générations futures noircit le tableau », UFC Que Choisir, association de consommateurs, fait une analyse sévère et globalement juste de l’étude de GF que nous avons déjà évoquée ici et ici. Lecture critique.
L’analyse de Que Choisir présente, à notre avis, quelques faiblesses mineures. Par exemple, à propos du DDT : « Les experts interrogés suite à la parution de l’étude évoquent une persistance du DDT dans le sol, ce qui serait tout aussi préoccupant pour le conventionnel que pour le bio ! » Il aurait été utile de préciser que le DDT était présent dans deux échantillons (sur 31) à l’état de trace non quantifiable ! Il en est de même des résidus de « pesticides interdits ». Que Choisir souligne à juste titre qu’ils sont autorisés sur d’autres cultures et qu’ils peuvent avoir tout simplement été portés par le vent. Que Choisir oublie de mentionner comme source possible un traitement autorisés au stade semence ou plant dans un autre pays de l’UE.
Le fond de l’affaire selon Que Choisir : GF fait du « dénigrement exagéré »
Cependant, l’analyse de Que Choisir est globalement pertinente et détaillée.
En particulier, Que Choisir souligne que GF « assume le rôle d’organisme de promotion [de la] filière [bio] » : « Si c’est tout à fait respectable, l’enquête sur les pesticides et les perturbateurs endocriniens dans les salades laisse néanmoins songeur, dans la mesure où elle ne dit strictement rien du bio. Son seul but, clairement affiché, est de dissuader les consommateurs de manger des salades conventionnelles. La base permettant de dénigrer ces dernières existe, mais elle est mince. »
La lecture intégrale de l’article de Que Choisir démontre en détail les mécanismes de ce qu’on peut appeler un conflit d’intérêt de la part de GF. Que Choisir n’emploie certes pas le terme conflit d’intérêt.
Mais remarquons que quand on connait l’insistance de GF à dénoncer les conflits d’intérêts dans les agences de sécurité, c’est un peu : « regardez la paille dans l’œil de mon voisin, mais ne regardez pas la poutre dans le mien » (Evangile de Luc, 6, 41 ou St Matthieu, 7, 3-5)
Que Choisir conclut : « Sauf à assimiler la promotion du bio à la lutte du Bien contre le Mal, représenté en l’occurrence par le conventionnel, on peut parler de dénigrement exagéré. L’agriculture biologique est une démarche exigeante et fort intéressante, qui séduit de plus en plus d’agriculteurs. Elle jouit d’un capital sympathie indéniable auprès des consommateurs, malgré des prix relativement élevés. A-t-elle vraiment besoin des raccourcis de l’étude de Générations futures pour marquer encore des points ? »
Nous ne pouvons qu’approuver.