Il y a quelques semaines A Suwalki a écrit « Vin bio vs Vin conventionnel : une expérience comique de Séralini et Douzelet ». Dans cette expérience de Séralini &co, des cobayes, profanes ou professionnels, dont « beaucoup, sinon la totalité […] font partie de la tribu du CRIIGEN et partagent en gros les mêmes préjugés », étaient chargés de distinguer un vin bio d’un vin conventionnel. La grande variabilité de goût des vins selon les conditions de vinification et les conditions de l’expérience rendent évidemment illusoire toute comparaison. Comme l’explique A Suwalki, « Sachant cela, pour que les résultats de l’expérience soient conformes au message que veulent délivrer Séralini et Douzelet, pourquoi s’embêter ? Il suffit de choisir un bon vin bio, et de lui opposer un mauvais vin conventionnel ».
La vinification biodynamique : obscurantisme et vieilles lunes
Un lecteur a alors mentionné « Vinification et biodynamie », une fiche éditée par le MABD[1]. Cette fiche contenait un encadré de Leflaive, domaine viticole biodynamique, un des membres de la tribu de Séralini ayant participé à l’expérience comique de dégustation. Elle constitue une sorte de missel de la vinification biodynamique.
A Suwalki a alors écrit « La biodynamie est une pseudo-science », une analyse scientifique et critique de cette fiche. La biodynamie intègre aujourd’hui quelques idées et pratiques rationnelles à l’agriculture biologique ou conventionnelle. Mais ce qui caractérise vraiment la biodynamie, ce sont :
– L’astrologie avec une « symbolique et des analogies naïves » : L’influence supposée de la Lune et même des planètes. Mais comme le fait remarquer A Suwalki, « à vrai dire, il serait plus raisonnable de se questionner sur l’effet sur le vin des vibrations produites par le passage d’engins agricoles près d’une cave, que sur les effets de la lune. »
– L’homéopathie. Pour la vinification, la biodynamie utilisera des solutions « dynamisées » de dilutions homéopathiques de soufre et de cuivre.
A Suwalki conclut : « Tout cela ne remet pas en cause, en soi, la qualité du vin qui serait produit par tel ou tel biodynamiste. Mais on peut sincèrement douter que cette qualité doive quelque chose au folklore pseudo-scientifique dont il s’entoure. Par contre, cela a sans aucun doute un rapport avec le choix de certains « cobayes » dans l’expérience de GE Séralini et J Douzelet que nous avons décrite, et avec leur réaction à l’expérience, conforme à ce qu’attendaient les expérimentateurs. »
Dans « A propos de la biodynamie, et de son cosmique de répétition », André Fuster, sur le blog Vitinéraires, est carrément sarcastique sur cette même fiche du MABD. Le discours soi-disant « bon sens paysan », soi-disant « expérience », mais véritablement astrologique et homéopathique, le fait, à juste titre, sortir de ses gonds : « Putain mais elle est où la biblio qui donne un embryon de crédibilité à ce genre de pignolade ? »
Il relève également, avec tristesse que « cette publication (du MABD) bénéficie du soutien du ministère de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Forêt. », et rajoute « Suis content de payer des impôts moi, sur ce coup là … »
Notre conclusion
Ces critiques de fond des concepts obscurantistes de la biodynamie font œuvre de salubrité publique.
Nous rajouterons qu’il faudrait sans doute s’interroger plus longuement et plus profondément sur les raisons du développement, même s’il est relativement marginal, de cette agriculture. Que la viticulture soit plus particulièrement touchée n’est sans doute pas un hasard. Le vin est fortement chargé de symboles ; il est ancré dans l’antiquité, voire au-delà ; le vin est un produit millénaire ; ses producteurs sont éclatés et beaucoup de ses consommateurs cherchent à afficher leur goût personnel,… Le vin biodynamique trouve sa clientèle, celle partisane des méthodes « alternatives » tous azimuts (médecine, agriculture, …), influencée par l’environnementalisme ambiant et qui se passe fort bien de tout argument scientifiquement justifié. Le vin biodynamique est l’un des ponts entre environnementalisme et obscurantisme.
Combien de temps cela durera-t-il ?
Nota Bene : Il ne faut pas confondre agriculture biodynamique et agriculture biologique. Historiquement, il y a une racine vitaliste commune et l’agriculture biologique s’appuie également sur un préjugé favorable au « naturel » et un refus a priori du « chimique ». Mais les partisans de l’agriculture biologique s’appuient sur une démarche scientifique pour valider leurs pratiques. Et refusent par exemple l’appel à l’astrologie.
[1] Mouvement de l’Agriculture BioDynamique