La nouvelle a fait grand bruit au printemps 2015 : des études scientifiques annonçaient que les abeilles étaient accros aux néonicotinoïdes (voir par exemple ici et ici). Cette nouvelle rendait fous les environnementalistes militants : il fallait absolument interdire immédiatement ces pesticides tueurs d’abeilles.
Mais, patatras, après reconduction des tests, la professeur Wright, qui avait conduit la première étude, en est venue à la conclusion opposée : « Contrairement à nos prédictions, nous avons trouvé que aucune des solutions utilisées n’a de conséquences addictives via l’odeur, et quelques-unes repoussent les abeilles »[1]
Le problème est que, comme l’écrit Genetic Literacy Project, les médias sont ainsi constitués que la plupart d’entre eux ne vont pas répercuter ce rectificatif et donc que « les milliers de personnes qui ont entendu le premier gros titre vont continuer à penser que les abeilles sont accros aux néonicotinoïdes. Or un tel « biais de confirmation » fait le jeu des environnementalistes militants »
Sous le titre « Les abeilles accros aux néonicotinoïdes : un échec du journalisme scientifique » (in English), Science 2.0 rend compte de la même information et écrit : « Que font donc les médias quand un chercheur réalise que la découverte qui a attiré leur attention était tout simplement fausse ? Si le cas de « l’addiction des abeilles » peut être un indicateur, la réponse est « rien du tout » »
Il n’est pas facile pour un chercheur d’avouer qu’il s’est trompé. Mais, le plus souvent, lorsque c’est le cas, il le fait, honnêtement.
Mais, pour les médias, une mauvaise nouvelle est toujours meilleure qu’une bonne. Alors pourquoi s’imposeraient-ils la double punition d’annoncer que la mauvaise nouvelle était fausse et que la nouvelle vraie est plutôt bonne ?
Petit supplément (pour sourire et s’instruire) : ConsoGlobe, revue consumériste et environnementaliste, rend compte d’une étude scientifique selon laquelle « les abeilles aussi sont accro à la caféine ». De nombreuses plantes contiennent de la caféine. Or, « les abeilles [ayant consommé de la caféine] étaient trois fois plus aptes à se souvenir du parfum des fleurs et retourner vers elles que les insectes qui avaient consommé seulement de l’eau sucrée. » Evidemment, comme tout bon média cherchant la mauvaise nouvelle, Consoglobe rajoute et conclut : « Pour les chercheurs, il n’est pas exclu que ce genre de comportement ait des conséquences négatives sur la production de miel, les plantes ayant la possibilité de réduire le taux de sucre dans leur nectar. Cette hypothèse doit néanmoins encore faire l’objet de recherches plus approfondies. »
Heureusement, la caféine n’est pas un enjeu sociétal digne d’intérêt médiatique, du moins aujourd’hui. Sinon, nous aurions sans doute affaire à un vent de panique destiné à nous faire abandonner le café. Ce serait dommage…
[1] “Contrary to our predictions, we found that none of the solutions enhanced the rate of olfactory learning and some of them impaired it.” Citation originale par Genetic Literacy Project. Voir ici