Pour Bastamag, « l’agriculture climato-intelligente », en discussion au niveau international dans le cadre de la COP21, n’est qu’une opération de marketing destinée à se donner une image écologique ; en un mot, du greenwashing.
Voir « Comment les multinationales se servent du changement climatique pour imposer leur futur modèle agricole ». Qu’en est-il ?
« L’agriculture climato-intelligente » est en discussion dans le cadre du GACSA[1] dont les membres sont la FAO et autres organisations intergouvernementales, des organisations d’agriculteurs, des centres de recherche, des pays (dont la France), des ONG et des compagnies privées. Les trois piliers de cette agriculture climato-intelligente sont :
– L’augmentation de la productivité agricole pour faire face à l’augmentation de la population mondiale,
– L’adaptation des systèmes agricoles » face aux événements climatiques extrêmes amenés à se multiplier, tels que les inondations ou les sécheresses.
– La mise en œuvre des pratiques agricoles qui « atténuent » les émissions de gaz à effet de serre.
Bastamag reproche aux « acteurs agro-industriels » d’en « tirer profit pour reverdir leur image ». Il suit en particulier l’argumentation de l’ONG Grain qui dénonce le concept « d’intensification durable » prôné par Yara, qui fabrique un engrais « censé » (selon Bastamag) entrainer moins de ruissellement et qui produit moins de gaz carbonique lors de sa fabrication. (Voir ici in English).
Un autre reproche de Bastamag concerne l’utilisation par le GACSA de « remèdes miracles », tels que « le colza tolérant aux herbicides », dont les qualités sont bien sûr contestées par Inf’OGM, association anti-OGM.
Mais ce qui révulse par-dessus tout Bastamag et les ONG, c’est l’organisation d’une table ronde dans le cadre de la COP21 avec, parmi les invités, « … Monsanto ! », le diable en personne sans doute. « C’est une catastrophe, réagit Jeanne-Maureen Jorand, le gouvernement est en train d’institutionnaliser cet agenda des solutions et d’entériner la voie de l’agriculture climato-intelligente sans aucun critère et sans aucune discussion. »
La volonté de faire rentrer l’enjeu climatique dans la science agronomique est quelque peu artificielle. On comprendrait un tel reproche.
Mais au contraire, Bastamag reproche essentiellement au GACSA d’une part de ne pas adopter politiquement l’agenda intégral des ONG qui refusent l’influence des compagnies privées, d’autre part d’utiliser des méthodes s’appuyant concrètement sur la science.
Le reproche politique est discutable mais légitime. Mais on voit mal dans cet article ce que propose Bastamag comme alternative aussi bien sur le plan politique que sur le plan scientifique.
Bastamag parle d’une guerre entre agro-écologie et agro-industrie. Mais c’est quoi l’agro-écologie selon Bastamag ? En 2012, Bastamag avait encensé le mas de Beaulieu, ferme expérimentale liée à Terre et Humanisme, association liée à Pierre Rabhi. Voir ici.
L’AFIS (Association française pour l’Information Scientifique) de l’Ardèche était allé voir sur place (voir ici pour plus de détails) : « Ce sont manifestement l’amateurisme et l’idéologie qui prévalent en ces lieux, avec une petite touche de croyances ésotériques pour finir de décrédibiliser l’entreprise. » Si c’est cela l’agro-écologie préconisée par Bastamag, il y a de quoi être inquiet…
[1] Alliance Mondiale de l’Agriculture Climato-Intelligente
