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Pour sourire jaune : Des « pommes contaminées au glyphosate » ?? Le ridicule ne tue pas…

15 déc. 2015

Le 09 décembre 2015, PAN Europe, ONG anti-pesticides, a apporté les 135 000 signatures d’une pétition pour l’interdiction du glyphosate à Michael Flueh, DG Santé de la Commission Européenne. Pour être sûr de bien frapper les esprits, selon l’ONG, « les signatures ont été accompagnées d’un colis de pommes contaminées au glyphosate ». « Contaminées au glyphosate » ?? Diantre ! De quoi s’agit-il ?

Voir la page consacrée à cette opération de com.
Voir leur tweet avec le mot « contaminé » :

1512PanEuropePommesContaminees

Pour pouvoir ainsi annoncer que les pommes offertes sont « contaminées », PAN Europe aurait-il effectué un traitement des arbres (ou pire un traitement des pommes ?) ? Ou alors, a-t-il trouvé sur le marché des pommes qui, à l’analyse se seraient trouvées, être « contaminées » ?
En fait, rien de tout cela.
Au téléphone, PAN Europe nous dit avoir constaté que le rapport de l’EFSA[1] de 2015 portant sur l’année 2013 (in English) mentionne un résidu moyen de 0.023 ppm de glyphosate dans les pommes. PAN Europe admet oralement que « c’est un niveau vraiment très bas », mais maintient le terme de « contamination » parce que c’est une substance qui « n’est pas naturelle » et qui « n’a pas à se trouver là ».

Après lecture du rapport en question, il ressort que :
– Le glyphosate est utilisable en désherbage de cultures de pommiers installées. La présence de glyphosate à de très faibles niveaux (ici 0.023ppm) n’est donc pas complètement à exclure. Mais est, de toute façon, très faible. A titre de comparaison, la LMR[2] dans les céréales est 50 à 1000 fois plus élevée (1 ppm pour le maïs, 10 ppm pour le blé, 50 ppm pour l’avoine)
– Sur le site de l’UE, la limite de quantification officielle [3] est de 0.1 ppm qui est aussi la LMR pour les pommes.
– La moyenne théorique de 0.023 ppm dans le tableau de l’EFSA est en fait très largement supérieure à la réalité. En effet, le niveau déclaré n’est en fait pas une moyenne des résultats trouvés. Il est le résultat d’un calcul dit « conservatif » : quand l’analyse ne permettait pas de trouver le glyphosate, l’EFSA a fait « comme si » ce niveau était la limite de quantification du laboratoire (probablement 0.01 ppm).

De plus, PAN Europe n’a même pas pris la peine d’analyser les pommes offertes à Michael Flueh.

Au total, ce que PAN Europe affiche comme des pommes « contaminées au glyphosate » sont simplement des pommes achetées au supermarché du coin.
Seule la performance toujours croissante des laboratoires permet à PAN Europe d’agiter le chiffon rouge de la « contamination », en faisant une « belle » (sic) image pour la com. A vouloir forcer le trait, la com des ONG en devient ridicule. Heureusement, le ridicule ne tue pas…

PS : A noter que la branche française de PAN Europe est l’association Générations Futures de François Veillerette. F Veillerette est d’ailleurs président de PAN Europe.

[1] Agence de sécurité des aliments de l’Union Européenne

[2] Limite maximale de résidu. La LMR est le taux maximal réglementaire indicateur du respect des bonnes pratiques agronomiques. Un dépassement de LMR n’implique pas, en soi, de risque sanitaire.

[3] La limite de quantification (LOQ) est une sorte de zéro technique : en dessous de cette limite, au moment où cette LOQ a été définie, les laboratoires étaient dans l’incapacité de déterminer la quantité présente. Il s’avère qu’aujourd’hui les laboratoires ont amélioré leurs performances, et sont capables de quantifier des niveaux plus faibles. Mais dans un tel cas

L'opération de com des militants de PAN Europe à la Commission Européenne

L’opération de com des militants de PAN Europe à la Commission Européenne