Le 23 décembre 2015, Jean-Marie Pelt décédait. Pharmacien, biologiste, botaniste, professeur universitaire, il était connu du grand public pour ses livres sur les plantes et l’écologie, pour ses émissions de radio (sur FranceInter), et pour ses conférences où il faisait preuve d’un charisme certain.
Un homme cultivé donc auquel il convient de rendre hommage à l’occasion de son décès.
Ceci ne doit pas faire oublier ce qu’on peut appeler ses dérives. Des dérives qui sont une parfaite illustration de celles dénoncées par Christian Lévêque dans son ouvrage L’écologie est-elle encore scientifique ?(voir ici sur ForumPhyto) : « Mensonges par omission », « mythes », « arguments éthiques » (et non pas scientifiques), « certains écologues choisissent d’aller dans le sens des médias pour conserver leur aura, et « laisser croire qu’ils disposent des solutions, afin que leurs recherches continuent à être financées. »
Il est probable que les motivations de JM Pelt n’étaient pas matérielles, mais relevaient plus de sa foi. D’une part de sa foi religieuse ; Mais, d’autre part et surtout, de sa foi sinon en une écologie profonde, du moins en la décroissance : Il faisait partie de ces écologistes pour qui l’homme, du fait du développement économique, est un cancer. En 1977, il écrivait : « Il paraît chaque jour plus évident que la croissance économique ne se poursuit qu’au prix d’une décroissance écologique, tout comme une tumeur cancéreuse ne s’alimente qu’au détriment de l’organisme qu’elle épuise : dans les deux cas, le bilan final est désastreux. » (dans L’homme re-naturé).
En soutenant la « génodique », il s’est même fourvoyé dans de la pseudo-science pure et dure, allant jusqu’à déclarer (devant une commission sénatoriale !) : « Mon ami [Joël Sternheimer (alias Evariste) ndlr] m’a téléphoné il y a deux mois pour m’annoncer que sa méthode, dont les résultats sont extraordinaires, était scientifiquement avérée et qu’il pourrait la publier. Il l’a notamment testée sur des vignes d’Alsace, du Val-de-Loire et du Bordelais. La vigne traitée par la musique est exempte de champignons tandis que l’autre parcelle est entièrement ravagée. Grâce à sa méthode, il peut également stimuler les protéines responsables de la croissance des tomates. J’ai ainsi tenu dans mes mains une tomate gigantesque. Ce type de pistes tout à fait inattendues méritent d’être creusées. » (Voir ici sur ForumPhyto).
Qu’un scientifique puisse se laisser aller à de tels errements pourrait prêter à sourire… sauf qu’il utilisait son aura d’universitaire pour faire passer un message non seulement militant, mais aussi relevant de la charlatanerie auprès du public et des responsables politiques.
Pour aller plus loin sur la « génodique » :
« Pour sourire jaune : Faut-il jouer du pipeau aux plantes ? »
« On a retrouvé l’ami de Jean-Marie Pelt »