GE Séralini tente de ressusciter la thèse d’une toxicité des OGM, dans des conditions qui, visiblement, finissent de lui enlever tout crédit.
Pour résumer, il publie dans une obscure revue scientifique nigérienne un article dont lui-même déclare en préalable qu’il n’est pas scientifique. L’article porte sur 60 vaches dont M Glöckner, éleveur allemand, affirmait, il y a 15 ans, qu’elles étaient tombées malades à cause d’un maïs OGM. En fait, il avait été démontré scientifiquement à l’époque que les vaches souffraient de problèmes très divers, dont le botulisme, tous liés à une hygiène défaillante. L’affaire avait également fait l’objet d’un procès, perdu par l’éleveur.
L’article d’aujourd’hui est cosigné Glöckner-Séralini, tout en affichant l’absence de tout conflit d’intérêt ( !!!). Plus drôle, si l’on peut dire, le lendemain de la parution de l’article, la revue disparaissait d’Internet et l’article également[1].
Certains environnementalistes sans recul
Plusieurs médias environnementalistes se font l’écho de l’article de Séralini. Par exemple, bien sûr le Criigen dont Séralini est membre, Actu-environnement (avec un conditionnel de prudence, mais sans recul), Reporterre.
Des environnementalistes politiques se sont même saisis de cette publication pour relancer le débat OGM. Par exemple Michèle Rivasi et José Bové ont organisé une conférence de presse au Parlement Européen en reprenant sans aucune distance les propos de Séralini. Voir ici et ici.
On peut noter cependant que Greenpeace a enlevé depuis longtemps toute référence à l’affaire Glöckner et n’a pas fait mention de l’article de Séralini-Glöckner. D’autres ONG, prudentes, prennent leur distance avec Séralini.
La risée du milieu scientifique
Sous des formes très diverses, GES fait quasiment l’objet de la risée des scientifiques et rationnalistes.
Le blog de Café des sciences dont nous avons repris le titre « Séralini et les OGM : après la tragédie, la farce » (mais nous y avons ajouté un point d’interrogation) évoque l’affaire sur le mode carrément sarcastique.
Il conclut « Article et résultat auxquels personne ne semble porter attention, ce en quoi tout le monde a bien raison. C’est triste un naufrage pareil quelque part. »
Dans « Séralini déterre l’affaire Glöckner », Alerte Environnement revient brièvement sur l’affaire, décortiquée à l’époque par Agriculture & Environnement.
Sur son blog, Wackes Seppi titre « Les vaches de Gottfried Glöckner ressuscitées par Gilles-Éric Séralini et les « Verts »… pour 24 heures » en retrace l’historique détaillé et les tenants et aboutissants scientifiques et politiques. Il démonte la façon dont Séralini tente de « créer le doute au prix d’approximations et de contre-vérités et d’une lecture sélective des jugements ».
Sur le blog Imposteurs, Anton Suwalki titre : « Séralini exhume une vieille histoire de vaches maltraitées« . Pour lui, il s’agit d’un « article indigent » dans une « revue douteuse ». Il fait une analyse critique avec le regard d’un rationnaliste s’attachant aux faits.
Socopag titre « Le Pr.Séralini réapparait… en Allemagne » et met essentiellement en évidence les liens financiers de Séralini.
Pour sourire un peu plus, on peut rajouter le commentaire de Cédric Limousin sur le post Facebook d’Actu-Environnement.Il pose clairement la question à Actu-Environnement : « Est-ce que vous prenez sciemment vos lecteurs pour des buses ou êtes-vous réellement aussi peu au fait de ce qu’est vraiment une étude scientifique ? »
Tout ceci ne mériterait que dédain. Mais que des politiques en arrivent à accorder le moindre crédit à une telle Séralinade a de quoi rendre perplexe : la politique est-elle devenue une émission de téléréalité ?
Pour la filière fruits et légume, la question des OGM est secondaire. Le malheur est que le même genre de mécanisme touche la protection phytosanitaire, alors même que les fruits et légumes manquent cruellement de protection. Nous vivons une époque formidable…
[1] Toutefois, au 01/02/2016, l’article était, par exemple, toujours disponible à partir du site du Criigen