Depuis un an, l’offensive environnementaliste contre le glyphosate bat son plein. S’appuyant sur des arguments scientifiques ou agronomiques contestables, mais à l’impact politique, et potentiellement règlementaire, important. Premier résultat obtenu par les environnementalistes : le report de la décision européenne de ré-autorisation du glyphosate.
Quelques exemples de pressions médiatiques et/ou environnementalistes et leurs critiques
Le quasi « hoax » (plaisanterie de mauvais goût) du glyphosate dans les tampons hygiéniques par Le Monde et 60 millions de consommateurs, est particulièrement savoureux, si on peut dire.
En en faisant la critique sur son blog, Seppi s’en retrouve en danger de mort… de rire.
Envoyé spécial sur France 2 avec « La malédiction du soja » fait dans le genre réchauffé : des séquences entières sont reprises d’anciens reportages.
On y retrouve les mêmes mécanismes d’appel à l’affectif, d’omissions, de « cherry-picking » (sélection des données) et de déformations des faits que dans Cash Investigation sur pesticides.
« Pesticides : la malédiction du service public audiovisuel » en est une critique sarcastique et pertinente de Seppi.
Autre travail d’analyse : le GTF (groupe de travail sur le glyphosate), regroupant des entreprises commercialisant du glyphosate, a publié « Reportage d’Envoyé Spécial sur le glyphosate, une émission biaisée »
A votre santé
Dernière en date des rumeurs destinées à discréditer le glyphosate, les résidus de glyphosate dans la bière allemande. Et évidemment, l’un ne va pas sans l’autre, aussi dans l’urine des allemands. Voir par exemple « Du glyphosate dans les urines de ¾ des allemands » sur le site d’Euractiv.
Dans « Un demi bien frais de Glyphobie » (in English), Kevin Folta, agronome universitaire américain, ironise sur le buzz que cette rumeur a fait surtout dans la presse allemande.
Dans « Gott im Himmel! Bier in meinem Glyphosat… Hic ! C’est l’inverse », Seppi dénonce « l’invraisemblable hasard du calendrier (hi ! Hi ! Hi!) [de la parution de ce hoax : ] suffisamment tôt pour, peut-être, déstabiliser des parlementaires… suffisamment tard pour, en principe, empêcher la diffusion efficace de réponses cohérentes. »
Il poursuit : « Ils ont bien évidemment trouvé des… traces. Pourquoi « bien évidemment » ? Parce que les méthodes d’analyses sont devenues tellement sensibles qu’on trouve maintenant tout dans n’importe quoi. La sensibilité annoncée de la méthode était de 0,075 µg/l – à la louche : l’équivalent d’un morceau de sucre dans 26 piscines olympiques de 3.000 mètres cubes ; ou une dose de pastis dans 89 piscines. »
En effet, ce qui est extraordinaire n’est pas de trouver du glyphosate. Ce qui est extraordinaire, c’est la performance des labos qui arrivent à en trouver des traces aussi insignifiantes.
Sur son blog, Wackes Seppi publie « Les Verts exigent un alcool plus sûr ! » (en français, originellement auf deutsch), article de Ludger Wess, biologiste et journaliste scientifique. Il montre l’absurdité de se préoccuper de résidus insignifiants de glyphosate dans la bière sous prétexte que ce serait un cancérogène probable, alors que l’alcool, cancérogène certain, « s’y trouve en une quantité 1,3 million de fois supérieure ». Dans une note, il fait l’analyse suivante : « La logique derrière les campagnes à première vue complètement absurdes contre le glyphosate (et tout aussi absurdes après examen plus approfondi) est claire : si le glyphosate, dont l’approbation en Europe expire à la fin de juin 2016, tombe, les lobbyistes de l’agriculture biologique auront atteint deux objectifs. Les agriculteurs conventionnels seront privés de l’un des principaux moyens de contrôle des mauvaises herbes ; et, simultanément, il serait mis fin à l’importation d’aliments génétiquement modifiés pour animaux, car ils peuvent contenir des traces de glyphosate. Le calcul : la nouvelle situation augmenterait encore davantage les coûts de production des agriculteurs conventionnels, ce qui produirait des avantages pour les agriculteurs qui produisent selon des méthodes dépassées, improductives, mais sacralisées comme « écologiques ». D’autres mesures tendent au même but, telle la taxe sur les pesticides préconisée par les Verts et l’interdiction de « l’élevage industriel ». Les aliments doivent être plus chers, la viande doit devenir un luxe. »
Les conséquences d’une telle campagne
Dans l’immédiat, les environnementalistes, s’appuyant sur cette campagne ont obtenu le report de la décision sur la réapprobation au niveau européen. Elle ne le sera pas longtemps car l’ancienne approbation arrive à échéance.
Dans « Glyphosate : la Commission européenne obligée de battre en retraite », le RES, organisation environnementaliste, crie victoire. A juste titre.
Il est certes peu probable que l’UE finisse par décider une interdiction totale du glyphosate. Mais des restrictions, même partielles, bien que non justifiées, et même si elles avaient peu de portée réelle, seront un signe politique d’encouragement aux mouvements environnementalistes. Ils s’en serviraient comme point d’appui dans les années à venir, pour élargir ces restrictions et, pourquoi pas, finir par obtenir une interdiction, sans aucune justification scientifique.
A court terme, la situation n’est donc pas si grave. Mais, sur le moyen et le long terme, et plus globalement, elle contribue à l’instauration d’un climat obscurantiste.