L’Académie d’Agriculture a mis en ligne a publié le résumé d’un rapport sur le biocontrôle qui a été présenté en séance aux académiciens. Télécharger la synthèse à partir du site de l’Académie (ou sur ForumPhyto).
Différents termes sont utilisés pour mettre en évidence le respect de l’environnement par l’agriculture : Agriculture raisonnée, Agriculture durable, AEI (agriculture écologiquement intensive), agro-écologie…
En ce qui concerne la protection de splantes, tous ces concepts font appel à des moyens naturels ou assimilés, bénéficiant ainsi d’une image positive : Ils sont censés être, par nature, moins impactants pour la santé et l’environnement. La directive européenne 2009/128, dite « utilisation durable », impose aux Etats Membres de développer la « Protection Intégrée des Cultures », laquelle vise à utiliser de façon optimale l’ensemble des méthodes de lutte disponibles, privilégiant les mesures préventives et utilisant des moyens curatifs appuyés sur des outils de surveillance et d’aide à la décision.
Par son rapport, l’Académie d’Agriculture entend clarifier la définition de ces moyens, regroupés sous l’étiquette de biocontrôle.
Pour l’Académie, les différentes catégories de moyens de biocontrôle sont :
– Les microorganismes : virus, bactéries, protozoaires, levures, oomycètes ou champignons supérieurs
– Les macroorganismes : êtres vivants généralement visibles à l’œil nu : insectes, nématodes…
– Les substances naturelles : extraits végétaux ou animaux
– Les médiateurs chimiques, en particulier phéromones sexuelles
– Les substances élitrices ou « stimulateurs des défenses naturelles »
– La lutte autocide : introduction massive d’insectes stériles afin de perturber sa reproduction à l’échelle d’une région
– L’amélioration des plantes cultivées : développement de résistances ou de tolérances à des bioagresseurs
Le rapport développe ensuite quelques exemples en vigne, maïs, colza, bananier, puis les atouts, les freins et les perspectives de développement pour la mise en œuvre du biocontrôle.
Dans la conclusion du rapport, nous retiendrons : « Le biocontrôle apporte [à la Protection Intégrée des cultures] ses atouts mais réduire la défense des cultures à ses seuls agents serait imprudent pour garantir une protection durable. Mettre en place une protection reposant sur une diversité de moyens ne se fera pas sans une réflexion au sujet de la frontière ténue entre chimie « de synthèse » et chimie « naturelle », de même qu’un examen objectif des propriétés toxicologiques et écotoxicologiques des agents de lutte qui en sont issus. […]
1. Quelle que soit la manière de produire des denrées destinées à l’alimentation des hommes et des animaux, il conviendrait tout d’abord qu’agriculteurs et administration s’accordent pour affirmer le caractère indispensable de la protection des cultures. […]
2. Il apparait ensuite souhaitable de revenir à des bases objectives de l’évaluation des dangers pour l’ensemble de la pharmacopée. L’expérience montre qu’une approche cohérente de la protection des cultures ne peut se concevoir sur la base d’un discours manichéen qui laisse accroire que les produits de synthèse sont plus dangereux que les solutions « naturelles ». Il serait cependant peu responsable de ne pas chercher à profiter des atouts environnementaux potentiels de beaucoup de moyens de lutte relevant du biocontrôle sous prétexte de moindre efficacité.
3. […] il serait utile de réhabiliter dans différents domaines une balance bénéfices-risques transparente, accessible à la fois aux filières, aux scientifiques, aux industriels, aux citoyens et aux médias en recherche d’information authentique. En matière de protection des cultures, le biocontrôle y trouverait toute sa place, débarrassé de réserves passéistes et de phantasmes idéologiques. »
Les co-signataires de ce rapport sont : Claude Alabouvette, Bernard Ambolet, Jean-Louis Bernard, Bernard J. Blum, Emile Chonée, Yvette Dattée, Charles Descoins, Marie-Thérèse Esquerré-Tugayé, Philippe Gracien, Bernard Le Buanec, Christian Lévêque, Jean-Claude Pernollet, Catherine Regnault-Roger, Agnès Ricroch, Charles Vincent.
Le rapport complet sera également publié sur le site de l’Académie d’Agriculture.