Ainsi pourrait se résumer la proposition que Daniel Sauvaitre, arboriculteur et président de l’ANPP[1], publie sur son blog sous le titre « Bienvenus à la ferme ». Les agricultures que nous proposent Christian Huyghe, Marc Dufumier, Lydia et Claude Bourguignon, François Veillerette, Pierre Rabhi, Gilles-Eric Séralini, and Co sont-elles viables ? Donnons leur les moyens de le prouver !
Daniel Sauvaitre part de la constatation d’une incompréhension entre :
– D’une part, les producteurs qui sont dans un « désarroi grandissant », tellement « il devient difficile pour un paysan de nourrir et de protéger ses cultures des aléas climatiques, tout comme des maladies et des multiples ravageurs, pour réussir à mettre sur le marché des produits de qualité à la meilleure valeur marchande possible »
– D’autre part, des autorités politiques, se nourrissant de l’avis d’une « communauté bienveillante de scientifiques, de chercheurs, d’experts, de politiques et de communicants », et d’ONGs environnementalistes, qui « dénoncent l’usage abusif d’intrants », pour qui « demain, les innovations et la généralisation des bonnes pratiques en amont permettront de produire de mieux en mieux sans recours à ces intrants », pour qui « il est déjà possible de faire bien mieux dès aujourd’hui, même si pour atteindre le but ultime quelques solutions restent à trouver »
D Sauvaitre propose donc : « Il est temps de quitter les injonctions et les suspicions envers les agriculteurs pour enfin passer aux travaux pratiques.
Les agriculteurs ne cessent de faire évoluer leurs pratiques en s’inspirant des innovations et des réussites obtenues par d’autres agriculteurs près d’eux comme ailleurs. C’est un monde ou le fameux benchmarking fonctionne depuis la nuit des temps.
Il suffit donc aujourd’hui de leur montrer la voie pour que très rapidement leur mode de production évolue. »
Daniel Sauvaitre propose que l’Etat ou une région réquisitionne un domaine (par exemple en réquisitionnant 1700 ha en passe d’être « acquis malencontreusement par des chinois ») pour mener une expérience grandeur nature. Sa proposition sarcastique au premier abord, entre suffisamment dans le détail pour pouvoir être prise au sérieux :
– un Haut Conseil scientifique, agronomique et technique, présidé par Christian Huyghe, directeur scientifique à l’INRA, engagé résoluement dans Ecophyto
– L’appui de scientifiques engagés tels que Marc Dufumier, AgroParisTech ou Gilles-Eric Séralini
– Une cellule communication pilotée par François Foucart, éminent journaliste du Monde.
– etc.
La conclusion de Daniel Sauvaitre : « J’ai hâte de tester ce projet auprès de tous mes collègues agriculteurs dont je connais l’impatience à voir ce dont sont capables tous ceux qui les sermonnent et les accablent. […]
Avec l’eau du ciel et des intrants naturels qui ne devront bien sûr pas être toxiques selon les critères en vigueur pour les produits issus de la chimie de synthèse, un pilotage agronomique de très haut niveau, verra le jour enfin cette agriculture d’évidence que l’on ne nous faisait que miroiter à ce jour.
Enfin la société toute entière pourra se réconcilier avec ses agriculteurs et ce ne sont pas quelques mycotoxines, même si elles devaient donner lieu à quelques morts naturelles, qui entacheront l’Eden retrouvé.
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » disait Ghandi. Mobilisons-nous donc tous pour permettre à tous ceux qui savent et qui parlent aujourd’hui de nous montrer concrètement la voie. »
Notre conclusion : Théoriciens des agricultures alternatives : c’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Montrez que ce que vous promouvez est applicable, dans la vraie vie. Chiche !
[1] Association Nationale des Producteurs de Pommes et de Poires