Sous le titre « Maladies à prions : les biologistes accusent de nouveau le cuivre », Futura-Sciences fait part d’une étude universitaire parue dans Science Advances (in English). On soupçonne un tel lien depuis quelques années. Aujourd’hui les biologistes auteurs de l’étude comprennent pourquoi.
« Présents dans le cerveau, les prions sont des protéines normales qui devraient être inoffensives, mais elles deviennent infectieuses à cause d’un mauvais repliement. En contact avec d’autres protéines, le prion peut imposer sa structure aux autres protéines, qui s’accumulent en amas protéiques créant des dommages aux cellules et au cerveau. » On soupçonne aujourd’hui que les maladies neurodégénratives, telles qu’Alzheimer ou Parkinson sont provoqués par des troubles analogues.
Or les auteurs de l’étude ont montré que les ions cuivre peuvent causer un mauvais repliement des prions.
Faut-il alors interdire le cuivre, présent dans la bouillie bordelaise et élément de base de la protection des plantes contre les champignons en Agriculture Biologique (AB) ?
Les partisans du Principe de Précaution devraient en toute logique être de cet avis. Mais ce sont souvent les mêmes qui défendent becs et ongles l’AB. Or une interdiction du cuivre serait une vraie catastrophe pour le bio. La filière bio s’est d’ailleurs mobilisée depuis plusieurs années, avec l’appui des firmes phytosanitaires, pour défendre l’usage du cuivre malgré les dommages que son emploi massif cause à la vie du sol. Voir « Le bio sauvé par l’industrie chimique » par Agriculture et Environnement.
Une décision éclairée doit résoudre le dilemme suivant : les doses doivent être suffisamment basses pour avoir le minimum d’impact sur la vie du sol et suffisamment hautes pour être efficaces. C’est sans doute le point le plus délicat. Les autorités scientifiques, les utilisateurs et les firmes y travaillent. Voir ici.
Pour ce qui est de la santé humaine, le port d’un équipement individuel de protection pour les utilisateurs et une LMR[1] raisonnable dans le produit fini sont indispensables. Cela ne devrait pas poser de problème particulier si la décision est prise sur des bases scientifiques.
Remarque : Pendant une grande première moitié du XX° siècle, aucune précaution n’était prise par les agriculteurs lors de la préparation de la bouillie bordelaise (souvent à mains nues !). Il serait intéressant d’étudier la relation éventuelle entre ce fait et un possible surcroit de maladies neurodégénératives dans les anciennes générations de viticulteurs.
Toute décision concernant un produit phytosanitaire, bio comme conventionnel, devrait être basée, non pas sur le principe de précaution ou des présupposés idéologiques, mais sur une telle analyse bénéfices/risques…
[1] Limite maximale de résidus