Résumé
Le 16 août 2016, Le Monde a de nouveau dégainé un argument décisif contre les insecticides néonicotinoïdes : ils tripleraient la mortalité des abeilles sauvages[1]. Ce titre percutant s’appuie sur une publication scientifique anglaise récente, parue dans Nature Communications[2], qui est un peu la session de rattrapage pour les articles refusés par la prestigieuse revue Nature. Une belle référence, mais que démontre vraiment cet article ?
Une lecture attentive de l’article de Nature Communications révèle vite des lacunes surprenantes dans la démonstration des auteurs. Ceux-ci disent avoir développé un modèle statistique montrant que l’évolution des populations d’abeilles sauvages en Angleterre aurait été conditionnée par la combinaison de deux facteurs :
- Un facteur favorable, le développement des surfaces de colza de 1994 à 2011
- Un facteur défavorable, l’adoption rapide des traitements de semences néonicotinoïdes à partir de 2002
Les auteurs déclarent que leur modèle est bien validé par les observations de terrain, mais en se basant seulement sur des indicateurs très généraux, sur l’ensemble des 62 espèces d’abeilles étudiées. Si on examine en détail les résultats espèce par espèce, on constate que :
- L’évolution de la majorité des espèces étudiées contredit l’hypothèse initiale, car leur population diminuait déjà de 1994 à 2001, avant l’introduction des néonicotinoïdes
- Il y a bien quelques espèces dont l’évolution pourrait accréditer cette hypothèse (expansion jusqu’en 2002, puis stagnation ou légère régression après cette date). Mais curieusement, même pour ces espèces, leur modèle prédit une stagnation des populations, même en absence de néonicotinoïdes !
Au bout du compte, aucune espèce prise individuellement ne confirme l’hypothèse des auteurs. Cette publication ne démontre donc rien sur la cause du déclin des abeilles sauvages. Par contre, elle confirme une fois de plus l’indulgence des revues scientifiques pour les publications déclarant avoir identifié un effet néfaste des néonicotinoïdes. Voyons cela plus en détail…
Les méthodes Cash (Investigation) du Monde
Notons d’abord qu’en bonne disciple de Stéphane Foucart, la rédactrice du Monde fait une interprétation très personnelle du résultat principal de l’étude. Les auteurs ne calculent nulle part une mortalité, que leurs chiffres ne permettent d’ailleurs pas d’estimer. Ils disent avoir établi un modèle permettant d’évaluer l’effet des néonicotinoïdes, utilisés en traitement de semences du colza, sur les populations d’abeilles sauvages (en termes de sites occupés, et non de mortalité). Et, d’après ce modèle, cet effet serait 3 fois plus fort pour les abeilles butinant sur colza que pour les abeilles qui n’y butinent pas. La différence est de taille, car cet effet négatif supposé des néonicotinoïdes est calculé en déduction d’un effet positif tout aussi hypothétique du colza. Or nous allons voir que la démonstration de ces effets positifs du colza est loin d’être concluante. D’ailleurs, les auteurs eux-mêmes reconnaissent que l’effet qu’ils attribuent aux néonicotinoïdes reste modeste (« typically small ») : parmi les 62 espèces d’abeilles étudiées, ces traitements auraient aggravé de plus de 20% le déclin de 5 espèces, de plus de 10% pour 24 espèces… et donc de moins de 10% pour 38 espèces !
Ces chiffres concernent leur modèle, revenons d’abord aux données de terrain. En ce qui concerne le déclin des populations d’abeilles sauvages (modéré, mais incontestable, dans les comptages présentés), B. Woodcock, le premier auteur de l’étude, a donné les vrais chiffres lors du service après-vente médiatique de la publication : en global, la présence des abeilles sauvages ne fréquentant pas le colza aurait baissé de 7% pendant la période étudiée (1994-2011), alors que celles butinant sur colza auraient décliné de 10%[3]. On est donc très loin du triplement de mortalité évoqué par Le Monde ! En l’occurrence, le procédé employé rappelle les désormais célèbres 97% d’aliments contaminés par les pesticides selon Cash Investigation[4] : Le Monde a bien repris un chiffre figurant dans l’étude, mais en lui donnant une tout autre signification que les auteurs de la publication d’origine !
Une publication d’une opacité totale
Ces chiffres de déclin de 7 et 10%, pourtant nécessaires à la contextualisation des résultats présentés, ne figurent pas dans l’article. Cela nous amène à la première objection majeure envers cette publication : son opacité totale quant aux données utilisées. Normalement, un article scientifique doit fournir toutes les données permettant aux scientifiques du domaine de vérifier la validité de leur raisonnement. Or nous en sommes très loin : à l’exception des surfaces de colza traitées néonicotinoïdes, aucune donnée d’entrée du modèle n’est disponible. Les résultats du modèle sont présentés seulement sous forme de graphiques minuscules, les chiffres précis ne figurent nulle part. Mais il y a encore plus extraordinaire : les auteurs ne donnent aucun résultat sur l’accord entre leur modèle et les observations de terrain ! Ils nous assurent que leur modèle marche très bien, mais nous n’en avons aucune preuve. Tout aussi étonnant, leur résultat repose sur la comparaison entre un modèle décrivant l’évolution des populations d’abeilles dans la réalité, et un modèle théorique qui simule leur évolution dans l’hypothèse où il n’y aurait pas eu de traitement néonicotinoïde. Or ce modèle théorique n’est décrit nulle part ! C’est d’autant plus gênant que, comme nous le verrons dans la suite, son comportement parait étrange comparé au modèle « avec néonicotinoïdes ».
On notera en passant que l’absence de ces données démontre que les reviewers de Nature Communications n’ont pas jugé utile de vérifier le raisonnement des auteurs : un peu léger, pour un journal qui bénéficie indirectement de l’aura de Nature, le vrai… Mais après tout, ne soyons pas mesquins et faisons confiance aux auteurs. Faute de voir les données réelles, examinons les résultats de modèle qu’ils daignent nous montrer, pour voir s’ils confirment vraiment leur hypothèse.
Une hypothèse plausible, mais difficile à valider.
Le déclin des populations des abeilles sauvages n’est guère contesté, même si son ampleur réelle reste très discutée. Cette situation est paradoxale, car les pratiques agronomiques, en Angleterre comme dans le reste de l’Europe, ont évolué ces dernières années dans un sens qui aurait dû leur être favorable :
- Développement de la culture du colza, qui constitue une ressource alimentaire majeure pour les pollinisateurs en début de saison
- Développement des espaces agricoles non traités, justement pour favoriser la biodiversité. L’Angleterre était d’ailleurs pionnière dans ce domaine, avec un programme ambitieux de développement des « field margins » non traitées, lancé dès le milieu des années 90[5]
Pour expliquer ces résultats décevants, les auteurs ont donc émis l’hypothèse selon laquelle les effets positifs de l’augmentation de la sole de colza auraient été contrariés, à partir de 2002, par le développement rapide des semences de colza traitées aux néonicotinoïdes. En effet, contrairement à la France, où ces produits n’ont fait qu’une brève apparition sur colza avant d’y être interdits, ils ont été adoptés massivement en Angleterre.
Pour valider leur hypothèse, les chercheurs ont donc développé un modèle statistique très simple, dans lequel les populations d’abeilles sauvages varient en fonction de 3 variables seulement :
- La surface totale de colza semée
- La proportion de ces surfaces traitées par des néonicotinoïdes en traitement de semences
- Le nombre de traitements insecticides foliaires appliqués
Vu le nombre d’objections qu’un modèle aussi simpliste suscite, et que les auteurs ont négligé de traiter, la réfutation de leur hypothèse est nécessairement beaucoup plus longue que l’article original. Nous ne donnerons ici qu’un résumé rapide, la discussion complète de l’article est disponible ici : 1609NuisancesVirtuellesNNicsAbeillesSauvages.
Venons-en directement aux conclusions des auteurs. Ils nous affirment que leur hypothèse est bien validée, car dans leur modèle :
- Démontre un effet positif du colza pour les effets qui y butinent, et nul pour les autres
- Trouve un effet négatif des néonicotinoïdes beaucoup plus fort chez les espèces butinant sur colza que sur celles qui n’y butinent pas (c’est le fameux écart de 1 à 3, que Le Monde a transformé en « mortalité 3 fois plus forte »). Malheureusement, ils ne nous font cette démonstration que pour les résultats globaux, toutes espèces confondues, et ils ne nous indiquent pas les valeurs des paramètres attribuées à chaque espèce. Or, quand nous regardons leurs courbes, il semble bien que les résultats espèce par espèce démentent leur hypothèse avec une belle unanimité ! Comment est-ce possible ? C’est ce que nous allons voir en réexaminant leurs résultats
Si on commençait par regarder les données ?
Commençons donc par examiner les résultats espèce par espèce, résumés dans la publication par les figures 3 (pour les espèces butinant sur colza) et 4 (espèces ne butinant pas sur colza). Pour l’instant, nous ne regarderons que les courbes rouges, censées représenter (si le modèle est juste), l’évolution réelle de leurs populations.
Si l’hypothèse des auteurs est juste, on devrait observer les comportements suivants :
- Pour les espèces butinant sur colza, une croissance de la population jusqu’en 2002 suivie d’un ralentissement, voire d’une régression, après cette date
- Pour les abeilles ne butinant pas sur colza, les populations devraient être plus ou moins stables. Bien sûr, il n’est pas exclu que leur population puisse varier sous l’effet de facteurs sans rapport avec le colza. Mais, si c’est le cas, cela remet tout de même sérieusement en cause le modèle, car cela veut dire qu’il y a des facteurs, non pris en compte dans le modèle, qui ont influencé leur population. Et, si c’est le cas, comment pourrions-nous être sûrs qu’ils n’ont pas agi aussi sur les abeilles butinant le colza ?
Qu’en est-il dans la réalité, ou tout au moins ce que les auteurs nous présentent comme le modèle conforme à la réalité (courbes rouges des figures 3 et 4) ? On voit vite que la réalité est plus complexe que ne le laissent croire les auteurs :
Tab 1 : classement des espèces d’abeilles en fonction de l’évolution de leur population. Exemples de lecture :
- 56 % des espèces butinant sur colza ont vu leur population diminuer entre 1994 et 2002 (donc avant l’introduction des néonicotinoïdes).
- 25% des abeilles ne butinant pas sur colza ont vu leur situation se dégrader après 2002 (c’est-à-dire que leur population a diminué alors qu’elle était stable ou croissante avant 2002, ou bien qu’elle diminuait déjà avant 2002, et leur décroissance s’est accélérée après).
Certes, quelques espèces ont vu leurs effectifs augmenter de 1994 à 2001, période où la surface de colza a commencé à augmenter, alors que les traitements de semences néonicotinoïdes n’étaient pas encore autorisés. Mais elles sont minoritaires, même parmi celles butinant sur colza. En fait, plus de la moitié ont déjà vu leur population décliner pendant cette période…ce qui est complètement contraire avec l’hypothèse des auteurs.
Fig 1 : pour 56% des espèces d’abeilles butinant sur colza, comme H. rubicundus, la décroissance de la population avait commencé dès 1994, donc bien avant l’introduction des néonicotinoïdes en 2002. Cette décroissance ne s’est pas aggravée après 2002, elle a même légèrement ralenti dans ce cas précis. Ces espèces contredisent donc complètement l’hypothèse des auteurs sur le rôle positif du colza, qui aurait été compensé à partir de 2002, par un effet négatif des néonicotinoïdes. Curieusement, le modèle censé valider l’hypothèse de départ marche néanmoins très bien pour ces espèces : l’explication la plus probable est que les auteurs ont laissé tourner ce modèle avec des valeurs de paramètres incompatibles avec leur hypothèse (b1 <0).
Parmi les espèces butinant sur colza, nous en avons donc une majorité qui contredisent l’hypothèse de départ, ce qui est déjà ennuyeux. Mais il y a encore plus étonnant : même pour ces espèces, le modèle des auteurs fonctionne apparemment très bien ! Comment les auteurs expliquent-ils que leur modèle prévoit une décroissance de 1994 à 2001, alors qu’il n’y avait pas encore les fameux néonicotinoïdes qui répandent la terreur, et qu’ils nous ont dit eux-mêmes que les traitements insecticides foliaires ont un effet nul ? La seule explication vraisemblable statistiquement est que le paramètre b1 est négatif pour ces espèces, c’est-à-dire que le colza non traité aurait un effet négatif : une valeur incompatible avec l’hypothèse de départ, et bien difficile à justifier sur le plan écologique…
Nous avons donc 56% des espèces butinant sur colza, et 32% des espèces qui n’y butinent pas, qui ont l’impudence de contredire l’hypothèse de l’article, puisque leur population a diminué en absence d’exposition aux néonicotinoïdes. Heureusement pour nos auteurs, il y a tout de même 38% des espèces butinant sur colza qui pourraient bien leur donner raison : leur population tendait à augmenter avant 2002, puis leur croissance a ralenti ou s’est même inversée par la suite :
Cette courbe rouge décroissante à partir de 2002 semble donner raison aux auteurs…jusqu’à ce qu’on regarde la courbe bleue (celle du fameux modèle théorique « sans néonicotinoïdes »). En effet, même la courbe bleue prévoit une stagnation des populations à partir de 2002 ! Certes, elle prévoit en fin de période une population un peu plus élevée que la courbe rouge, mais on observe aussi un résultat très étrange en 2002 et 2003 : la courbe bleue (sans néonic) est EN DESSOUS de la rouge (avec néonic) ! C’est d’autant plus surprenant qu’il ne s’agit pas d’un cas unique : on observe ce décrochage de la courbe bleue (mais jamais de la rouge) pour la plupart des espèces dont la population a augmenté avant 2002. Comment est-ce possible ?
D’après le peu que nous disent les auteurs sur leur modèle, il est incompréhensible que la courbe bleue (sans néonicotinoïdes) se trouve certaines années en-dessous de la courbe rouge (situation réelle, avec néonicotinoïdes). De plus, la comparaison entre les deux courbes laisse penser que le modèle « bleu » a réagi à la décroissance de la surface de la surface de colza observé en Angleterre de 2000 à 2002, mais pas le modèle rouge (voir analyse détaillée), ce qui est tout-à-fait anormal. Une fois encore, le comportement du modèle contredit à la fois l’hypothèse des auteurs, et la description qu’ils nous ont faite du modèle.
Woodcock et ses collègues jouent donc de malchance : pour les espèces dont l’évolution semblait donner raison à leur hypothèse, même leur modèle sans néonicotinoïdes prévoit une stagnation de la population après 2002 ! De plus, la comparaison de leurs modèles « avec » et « sans néonicotinoïdes » pour ces espèces présente des anomalies inexpliquées.
Que peut-on vraiment retenir de cet article ?
Le bilan d’une lecture détaillée de cette publication est accablant. Les auteurs ont collecté des données sur les abeilles, formulé une hypothèse sur les facteurs ayant causé les variations de populations des abeilles, et testé cette hypothèse avec un modèle. Malheureusement :
- Ils n’ont pas démontré que leur modèle est en accord avec les données de terrain.
Même si par charité chrétienne nous les croyons sur parole, nous devons constater que :
- Leur modèle fonctionne même avec les espèces (majoritaires) dont l’évolution est contraire à leur hypothèse de départ, ce qui laisse penser qu’ils ont accepté dans leur modèle des valeurs de paramètres contraires à leur hypothèse
- Pour les espèces (minoritaires) dont l’évolution semblait confirmer leur hypothèse, même leur modèle « sans néonicotinoïdes » prévoyait une stagnation des populations après 2002. Les maigres différences entre les modèles « avec » et « sans néonicotinoïdes sont ininterprétables et laissent planer de lourds soupçons de dysfonctionnement du modèle.
C’est prouvé : les néonicotinoïdes ont des effets psychotropes sur l’homme
Au final, cet article ne démontre donc aucun effet nocif des néonicotinoïdes sur les abeilles : le calcul de cet effet dépendait d’un effet colza supposé uniformément positif, ce qui est manifestement faux, même dans le modèle brandi par les auteurs ! Par contre, il confirme une fois encore leurs effets neurologiques préoccupants sur l’homme :
- Troubles graves de la vigilance pour les reviewers des revues scientifiques
- Accès de fébrilité : l’article du Monde est paru le jour même de la publication dans Nature Communications, ce qui explique probablement que la journaliste ne soit posée aucune des questions ci-dessus.
- Hallucinations collectives, avec visions apocalyptiques, dans la presse pseudoscientifique, qui a cru voir avec un bel ensemble un article scientifique parfaitement étayé, et démontrant un déclin dramatique des populations d’abeilles sauvages.
Il serait grand temps que l’ANSES se saisisse de cette grave question. Au nom du principe de précaution, nous préconisons pour cela une mesure simple, inspirée des délais de réentrée pour les produits phytosanitaires : imposer un délai d’attente d’au moins 7 jours entre la lecture de toute publication scientifique sur les néonicotinoïdes, et toute activité exigeant vigilance et lucidité, comme la rédaction d’un article sur l’agriculture ou l’environnement.
Plus sérieusement, cet article est révélateur de deux tendances de plus en plus marquées dans la littérature sur ces sujets :
- Le mépris total des vrais enjeux environnementaux et agricoles. Les courbes des auteurs montrent une tendance globale à la diminution des populations d’abeilles sauvages, avec probablement des interactions avec le colza, mais beaucoup plus complexes que dans leur hypothèse initiale. Le seul résultat clair est l’inefficacité totale du programme de développement des fields margins, en tout cas en ce qui concerne les abeilles sauvages. Un sujet essentiel pour l’agro-écologie, que les auteurs n’évoquent absolument pas, trop occupés à essayer de trouver malgré tout de vagues indices en faveur de leur idée initiale
- La « virtualisation » des nuisances attribuées aux néonicotinoïdes : faute d’arriver à montrer des effets mesurables de ces produits dans les conditions du terrain, les études s’orientent dans une nouvelle voie. D’après ces nouveaux travaux, si la situation des abeilles sauvages ou domestiques n’est finalement pas si dramatique, c’est parce que la toxicité des néonicotinoïdes aurait été masquée par un effet positif qui leur aurait été associé. Le tout « démontré » avec des modèles statistiques d’une complexité suffisante pour dissuader toute discussion. Nous reviendrons dans un prochain article sur un exemple particulièrement pittoresque de cette nouvelle approche, sur les abeilles domestiques cette fois.
Philippe Stoop
[1] http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/08/16/pesticides-tueurs-d-abeilles-la-preuve-par-trois_4983620_1652692.html
[2] http://www.nature.com/ncomms/2016/160816/ncomms12459/full/ncomms12459.html
[3] http://www.euractiv.com/section/science-policymaking/news/major-study-links-neonicotinoid-pesticides-to-wild-bee-declines/?nl_ref=19148212
[4] http://www.forumphyto.fr/2016/02/03/cash-investigation-suite-levangile-selon-sainte-lucet/
[5] http://www.ecifm.rdg.ac.uk/field_margins_and_conservation_strips.htm