Du 14 au 16 octobre 2016, le « Tribunal Monsanto » réunira tout ce que l’Europe, voire le Monde, connait d’anti-OGM et d’anti-pesticides. Le « procès » que va mener ce « Tribunal » a tout des procès en sorcellerie du Moyen-Âge : l’accusé est condamné d’avance. Le mot de « Tribunal » ne doit pas faire illusion : il s’agit d’une fuite en avant sur le terrain de la communication, destinée à compenser le manque d’argument de fond. Destinée aussi à récolter de l’argent pour faire venir des conférenciers, militants, mais loin d’être bénévoles. Quelques liens pour comprendre de quoi il s’agit

Le « Tribunal Monsanto » tel qu’il se présente

Le site Internet est très professionnel. Le Tribunal Monsanto se présente comme « une mobilisation internationale de la société civile pour juger Monsanto pour violations des droits humains, pour crimes contre l‘humanité et pour écocide ». Les principaux membres connus en France du comité d’organisation sont : Marie-Monique Robin, Corinne Lepage et Gilles-Eric Séralini et François Veillerette.
Citons quelques autres noms moins connus de nos lecteurs :
Vandana Shiva, militante indienne anti-OGM
Olivier de Schutter, ancien Rapporteur Spécial sur le Droit à l’Alimentation aux Nations-Unis.

Parmi les témoins : Gilles-Eric Séralini (bien qu’il soit également dans le comité d’organisation), Chris Portier, présenté comme « expert de l’OMS », mais surtout ayant joué un rôle clef dans l’accusation du glyphosate par le CIRC.

Bien sûr le site n’oublie pas de demander de l’argent, car il en faut…

Le « Tribunal Monsanto » vu dans (certains) médias

Les médias les plus proches de la sphère anti-OGM et anti-pesticides par principe accordent depuis plusieurs mois une place à ce procès dans leurs colonnes.

Pour Médiapart, « Monsanto au Tribunal, c’est bientôt ! ». L’article fait la part belle au decorum : « Il y a aura des greffiers, des avocats et cinq juges en robe. » Et cela doit leur plaire puisqu’ils concluent : « A ne manquer donc sous aucun prétexte ! :o) »

Libération titre : « Monsanto : pour que justice germe » et accentue surtout sur le caractère international de l’initiative et « les produits hautement toxiques ». Et n’oublie pas de conclure par… l’appel aux dons.

Il en est de même des organisations du monde « alter » : Générations Futures (F Veillerette étant membre du comité d’organisation du Tribunal…), Via Campesina, Sciences Citoyennes.

Mentionnons pour la bonne bouche, l’appui de Biocoop, qui persévère ainsi dans son marketing très agressif. Rappelons qu’une opération marketing précédente a été récemment condamnée en justice pour « dénigrement ». Voir ici.

Tous, bien sûr ne disent que du bien de l’initiative…

Une critique de fond pour y voir plus clair

Face à ce concert de louanges, seuls quelques sites vont au-delà des apparences et décortiquent le mécanisme à l’œuvre.

David Zaruk, The Risk Monger  sur son compte Facebook analyse les publications, les actions et les collaborations du Tribunal Monsanto.

Voir ses différents posts sur son compte Facebook (in English).

Seppi a traduit en français les principaux articles de The Risk Monger.
Dans la « La mascarade du « Tribunal Monsanto » », il montre tous les mécanismes de l’opération, moins bénévole qu’il n’y parait : les intérêts idéologiques sont bien sûr au rendez-vous. Mais aussi des intérêts financiers : Le lobby bio est fortement présent, y compris dans sa version mercantile, par exemple Biocoop. L’Organic Consumer Association se serait engagée à payer 200 000 $.
Monsanto a été invité pour la pure forme. Le programme : « Deux jours de témoignages à charge, aucune place pour la défense, et des témoins dont une partie nous sont connus et nous font hurler de rire »
Le plus inquiétant est, selon Seppi, « l’inquiétante dérive de juristes de haut niveau », tel Olivier de Schutter qui souille ainsi « sa propre réputation (c’est son problème), mais aussi celle des Nations Unies (c’est notre problème). »

Note positive : The Risk Monger et March Against Myths NL co-organisent un petit-déjeuner d’avant chasse aux sorcières pour faire entendre « La voix des agriculteurs près du « Tribunal Monsanto » » (in English, en français) le 14 octobre, avant l’ouverture du « procès ».

Il n’est pas interdit de soutenir cette initiative. Si vous êtes agriculteur, journaliste ou gourou à l’esprit ouvert, vous aurez la priorité pour y participer. Vous pouvez dans tous les cas soutenir financièrement la démarche.

Il est important que « les agriculteurs envoient un message pour exprimer pourquoi ils estiment que l’agro-tech est importante pour leur capacité à fournir au monde des récoltes sûres et fiables. »

Vous pouvez vous exprimer et participer financièrement sur le site « The Voice of Farmers at the Monsanto Tribunal » (in English)