Système U, désireux de se lancer dans la course au plus vertueux auprès des ONG environnementalistes, affiche vouloir mettre en œuvre une « politique de substitution des substances controversées dans l’offre produit marque U ». Concrètement, lorsque « certaines substances présentes dans les produits de consommations courantes suscitent des interrogations sur les potentiels risques pour la santé », lorsque « les consommateurs, à tort ou non, ont conclu sur la toxicité de ces substances », Système U planifie leur « élimination » des produits à marque U.
D’un côté, Système U présente sa démarche comme s’appuyant sur des études scientifiques, y compris les plus militantes, sans aucun souci d’évaluation de leur qualité …
D’un autre côté, Système U est surtout à l’écoute des « alertes sociétales » : « campagnes virulentes des ONG », « prises de conscience », « mobilisation citoyenne » soigneusement amplifiées par des ONG militantes.
Voir la liste des 90 substances « controversées » selon Système U.
L’exemple du glyphosate est tout à fait significatif de la démarche de Système U, oubliant le consensus scientifique réel, listant les rumeurs avec la fausse prudence du conditionnel, s’appuyant sur des « controverses » non pas scientifiques, mais bel et bien militantes, et amplifiant au maximum le bruit de l’alerte sociétale.
Système U transforme ensuite ces évaluations en démarche marketing pure et dure, monstres à l’appui dans des pubs censées illustrer ces substances controversées. Voir par exemple cette vidéo vantant les mérites du poulet nourri sans OGM. Accessoirement, ces monstres ont une tête pas si antipathique que cela… Une façon pour Système U de démontrer le manque de sérieux de sa démarche ?
Notre conclusion
1- La démarche de Système U est, conformément à l’air du temps, « post-factuelle » : peu importe les faits et les arguments scientifiques, ce qui importe, de l’aveu même de Système U, c’est l’opinion. Même pas l’opinion majoritaire, l’opinion de ceux qui font le plus de bruit.
2- Système U dresse une liste impressionnante d’arguments, censée emporter la conviction du lecteur. C’est la technique connue du « mille-feuilles argumentatif ». Or l’accumulation de preuves douteuses n’est jamais une preuve sérieuse.
Renvoyons à la lecture de La démocratie des crédules de Gérald Bronner. Voir la critique de ce livre sur Science et PseudoSciences : « Ces « mille-feuilles argumentatifs », composés d’une innombrable quantité d’étages, bien que très fragiles pris isolément, donnent une impression d’ensemble où « tout ne peut pas être faux ». Puisant dans des champs disciplinaires très variés, chacun de ces éléments, pour être démystifié, requiert un investissement démesuré si l’on n’est pas spécialiste du domaine (et on ne peut jamais être spécialiste des tous les domaines invoqués évoqués).
[Mise à jour du 27 janvier 2017 : Dans un communiqué de presse, l’AFBV (Association Française des Biotechnologies Végétales) a démonté dans le détail l’argument de Système U concernant les OGM.]
3- A l’instar de n’importe quel marchand de peur, Système U agite le chiffon rouge du « danger ». Or tout est dangereux. Ce qui doit nous guider dans la vie, c’est l’évaluation du « risque », lequel tient compte de l’exposition. Le feu est dangereux. Pourtant nous utilisons tous du feu pour nous chauffer. Mais la chaudière que nous utilisons empêche que nous soyons exposés au feu. Voir ici sur ForumPhyto pour une explication plus détaillée de la nécessaire distinction entre danger et risque.
4- Mais surtout, la liste des 90 substances controversées selon Système U est très arbitraire. Elle oublie nombre de controverses. Pourquoi Système U s’arrête-t-il en si bon chemin ? S’il veut interdire les substances controversées, il devrait interdire aussi : l’alcool, le soja, le lait, la viande, le wifi, les téléphones portables…
Nous sommes à disposition pour fournir une liste d’arguments tout aussi fournie que celles sur chacune des 90 substances controversées de Système U.
On peut même rajouter le DHMO, substance plus connue sous le vocable « eau ». Voir ici.
Allez, Système U, un peu de courage !
