Dans « Retour vers le futur, ou l’électrosensibilité et les champs électromagnétiques vus par le Monde Diplomatique », l’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique) fait une analyse critique détaillée, sourcée, et sévère mais juste, d’un dossier publié sur les « ondes magnétiques » dans le Monde Diplomatique.
La « science militante » est une pseudo-science particulière. L’argumentation « politique » y est la porte d’entrée des biais cognitifs qui vont déformer les faits.
L’AFIS dévoile de nombreux ingrédients habituels de cette cuisine toxique dans ce dossier du Monde Diplomatique :
– Auteur compétent en droit s’arrogeant l’autorité de remédier à la « fragmentation des disciplines scientifiques concernées »
– Non-prise en compte des données scientifiques récentes
– Rhétorique de la peur basée sur la non prise en compte des facteurs de sécurité
– Discrédit des agences nationales de sécurité. Et soupçon quasi-généralisé envers tous les scientifiques, excepté le Pr Belpomme, président de ARTAC, association militante sur le sujet, dont l’auteur est membre…
– Mépris de l’épidémiologie plutôt rassurante : les téléphones mobiles sont utilisés massivement depuis 30 ans et « les ondes radio et l’électricité sont utilisées depuis plus d’un siècle maintenant ». Et il n’y a toujours pas d’épidémie de cancer du cerveau.
– Mise sur le même plan de la science et des décisions de justice.
Sur les questions de l’alimentation, de l’agriculture, des pesticides, des OGM, etc., notre société a pris l’habitude d’écouter cette science militante qui n’a de science que le nom. Le danger est grand.
Il faut être clair : l’action politique, le militantisme, sont en général des activités louables. Les faits de société, les décisions qui intéressent l’ensemble de la société, doivent faire l’objet d’un débat démocratique, entre opinions souvent porteuses d’intérêts économiques, sociaux et moraux contradictoires.
Mais quand des militants mélangent les niveaux d’argumentation, quand ils mélangent science et politique, ils entraînent la société dans des impasses. Certains sont conscients de leur forfaiture, d’autres le font en toute bonne conscience. Ces derniers ne sont pas les moins dangereux…
Il arrive que nos responsables politiques y succombent. Or, comme l’écrit Jean de Kervasdoué : « « La légitimité démocratique ne donne aucune compétence scientifique »
L’outil « Décodex » du Monde (voir ici) serait bien inspiré de revoir son jugement à propos de son petit frère, Le Monde Diplomatique, certes indépendant mais faisant partie de la famille… Le même outil Décodex serait également bien inspiré de vérifier les sources et la fiabilité des articles de la rubrique « Planète » du Monde lui-même. Stéphane Foucart et bien d’autres journalistes y pratiquent cette « science mise au service de revendications politiques. » La pseudo-science est comme l’enfer, pavée de bonnes intentions.