Sur le Salon de l’Agriculture (SIA), les producteurs antillais de banane présentent leur production et leur plan Banane Durable 2 (2016-2020) qui prolonge le précédent. Ce plan comporte des défis sociaux (maintien de 10 000 emplois, formation, conditions de travail), économiques (développement de la production), et environnementaux (nouvelle réduction de l’utilisation des pesticides, couverture du sol, matière organique du sol, biodiversité, qualité des eaux, etc.)
Mais leur slogan le plus percutant de ce SIA est bien « La banane française, mieux que bio c’est possible ! » L’UGPBAN[1] souhaite en effet « dénoncer haut et fort une concurrence déloyale » subie par la banane française. Alors que la production biologique de bananes est quasiment impossible en France et en Europe du fait d’une réglementation très stricte et surtout adaptée au contexte continental et méditerranéen.
Or les bananes « bios » produites par les pays tiers et vendues en Europe sont soumises à des règles beaucoup moins restrictives.
Par exemple, dans les pays tiers, l’huile paraffinique banole (non mentionnée explicitement par l’UGPBAN) permet, par une application aérienne répétée, de protéger les bananeraies bios contre la cercosporiose, maladie fongique grave. Pendant ce temps, la réglementation française l’interdit pour le bio, et en limite le nombre de traitements, et interdit l’épandage aérien pour l’agriculture conventionnelle.
« La production Bio des pays tiers n’est donc pas conforme à la règlementation Bio européenne. » Elle ne bénéficie de l’appellation et du logo bio que « par équivalence », sans que le consommateur non averti puisse faire facilement la différence. (Seule mention sur l’étiquette « Bio hors UE »).
Voir le dossier de presse résumé sur ce point et un peu plus de détails ici.
L’UGPBAN souligne enfin que « la Banane de Guadeloupe & Martinique est la seule production au monde qui respecte, à toutes les étapes de sa production, les normes européennes et françaises, sociales, environnementales, sanitaires. »
Dans « Bananes : 50 nuances de Bio », Olivier Masbou rend compte sur son Blog Notes, de la démarche de l’UGPBAN. Pour Olivier Masbou, cette campagne de com’ « n’a pas été forcément bien comprise, c’est un euphémisme, par les acteurs de la bio en France. La Fnab, l’Agence bio, l’Inao… ont réagi vigoureusement. En revanche, Stéphane Le Foll, de passage samedi sur le stand de la banane antillaise au salon, a assuré les producteurs que ses services étaient mobilisés à Bruxelles. Stéphane LeFoll a souligné le bon travail réalisé par les producteurs, en collaboration avec les pouvoirs publics, pour assurer la transition agro-écologique de la filière et s’est félicité du déploiement du plan banane durable. […] Par cette campagne de com’, l’UGPBAN voulait mettre les pieds dans le plat, ou glisser une peau de banane. C’est réussi. »
Il est clair que le but de l’UGPBAN n’est pas de dénigrer le bio. Au contraire, ils affirment « En France comme en Europe, on peut faire confiance à l’agriculture biologique. » Le seul vrai problème est la concurrence déloyale subie du fait des différences de réglementation entre pays tiers et Union Européenne. Différences de réglementation impossibles à percevoir par le consommateur. Et qui empêchent la filière banane de Guadeloupe et de Martinique de faire valoir ses qualités : transparence et respect des normes sociales et environnementales sans égal en Caraïbes.
[1] Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et de Martinique