Les ONG anti-pesticides par principe mettent régulièrement en avant le chiffre de 200 000 morts par an dans le monde dues aux pesticides. Qu’en est-il ?
Dans « Enquête sur le chiffre faux des décès par pesticides », Alerte Environnement décortique le triple processus qui mène à ce chiffre :
– Ce chiffre est ancien : Il s’appuie sur des données de 1985, voire 1979. Il y a donc près de 40 ans. Le moins qu’on puisse dire est que les caractéristiques des pesticides et leur utilisation a considérablement changé depuis…
– Ce chiffre est basé sur une extrapolation contestable à partir des données d’un seul petit pays, le Sri Lanka, pas forcément représentatif du niveau mondial.
– Et surtout, « la très grande majorité de ces décès correspond en rien aux activités agricoles ou de jardinage, mais à l’estimation des intoxications volontaires, c’est-à-dire des suicides. »
Agriculture et Environnement (A&E) en a fait une vidéo Trêve de Balivernes qui résume bien la situation. A&E a mené sa propre enquête dans un article publié dans son numéro 156 de mars 2017. On y relèvera en particulier les propos du Dr Jeyaratnam : « Le problème ne se pose pas en termes de pesticides, mais de leur utilisation inappropriée, d’une formation inadéquate, d’installations de stockage insuffisantes, d’équipements de pulvérisation défectueux et de manque de vêtements de protection […] il ne faudrait pas commettre l’erreur de considérer les pesticides comme des « méchants » »
Dans « Le chanvre tue 1000 personnes par jour, et pourtant, Générations futures se tait ! », Anton Suwalki sur son blog Imposteurs en 2016 ironise à juste titre : « On peut estimer que pas de loin de 400.000 personnes se suicident par pendaison chaque année. » Si on suivait la logique des ONG environnementalistes, il faudrait donc interdire le chanvre, dont la fibre sert à fabriquer des cordes. A Suwalki d’enfoncer le clou « Vous trouvez la conclusion débile ? Rassurez-vous, moi aussi. Faut-il aussi interdire les médicaments (15 % des suicides par intoxication médicamenteuse en France), interdire les trains, assécher les rivières, interdire les balcons, raser les falaises… ? »
Notre conclusion
Encore une fois, la diabolisation systématique des « pesticides » est à condamner. Les pesticides sont des substances actives utiles. Ils ont des effets éventuellement indésirables et peuvent être dangereux s’ils sont mal utilisés. Il est donc logique qu’ils soient strictement réglementés. Mais cette réglementation doit s’appuyer sur des connaissances scientifiques et l’expérience agronomique qui permettent de juger de la balance bénéfices/risques des pesticides. Pas sur un jugement a priori et complètement disproportionné.