Plusieurs articles de Nadine Vivier montrent comment la science en est venue à s’intéresser à l’agriculture. Une perspective historique éclairante.
Nadine Vivier a participé à l’écriture de l’ouvrage collectif Elites et progrès agricole : XVIe-XXe siècle, Presses universitaires de Rennes, 2009.
Dans le chapitre « Le rôle des élites françaises en faveur du progrès agricole au XIXe siècle : réalités et construction d’une image » (pp.187-206), Nadine Vivier montre le rôle des nobles et grands propriétaires dans la création des sociétés d’agriculture, puis comment des « élites du savoir pratique » ont pris le relais, ont popularisé la notion de progrès auprès des petits paysans et ont contribué à la naissance de l’enseignement agricole.
Elle conclut : « Nous voyons au cours du XIXe siècle se superposer deux élites. Une élite de la fortune qui préside aux destinées des sociétés d’agriculture et met parfois en œuvre de nouvelles techniques. Son influence sociale est large mais son influence sur les techniques agricoles n’est que très localisée, aux alentours de ses domaines. Elle peut alors montrer l’exemple à une élite du savoir pratique qui affermit peu à peu ses positions, y compris politiques en conquérant même le pouvoir municipal à partir du Second Empire. »
Dans l’introduction à l’ensemble de l’ouvrage, Nadine Vivier met en évidence que les mêmes mécanismes (expériences, pédagogie et formation) ont joué sur une période plus grande. Ils ont permis l’adoption des nouvelles méthodes agricoles. Les grands propriétaires ont joué au départ un rôle moteur. Mais, conclut-elle « Si ces membres des élites traditionnelles ont incontestablement joué un rôle en faveur des innovations, tout une autre part des progrès agricoles revient aux agriculteurs qui peuvent eux aussi être sensibles aux injonctions du marché et même à l’idée de progrès. »
Dans « 1750-1850 : expérimenter et disséminer le progrès scientifique en agriculture », (6MB, text in English, résumé en français), Nadine Vivier montre comment des domaines tels que structures agraires, instruments, fertilité des sols, protection des plantes et des animaux contre les « pestes », ont commencé à faire l’objet d’expériences, faites dans le cadre de sociétés d’agriculture par des grands propriétaires, qui souvent diffusaient aussi leurs résultats. Présentation sur le site de l’Académie d’agriculture, Texte intégral
La science agronomique ne s’est pas construite en un jour. L’histoire est un outil indispensable pour comprendre quels processus et quelles forces sociales ont permis son émergence.
Il est utile de rappeler à nos contemporains que les agriculteurs travaillent « avec » la nature. Mais que la nature n’est pas « bienveillante ». C’est bien le génie humain, dont une des formes est la science, qui permet à l’agriculture de nourrir les humains.
Monument à la gloire de JB Boussingault (1895). La Chimie personnifiée instruit l’agriculteur
Planche (1762) montrant les différents stades de développement de la cécidomyie des céréales