La Commission Européenne propose le renouvellement de l’approbation du glyphosate au niveau européen pour 10 ans. Mais rien n’est joué… Les agriculteurs doivent se mobiliser.
La Commission propose un renouvellement de 10 ans
Cette proposition est largement expliquée par les médias. Voir par exemple :
« Glyphosate : la Commission européenne veut prolonger son autorisation pour 10 ans » (Actu-Environnement)
« La Commission européenne relance la procédure pour autoriser le glyphosate » (Terre-Net)
« La Commission proposera une ré-homologation pour 10 ans » (La France Agricole)
Le monde agricole sort du bois
Ces derniers mois, malgré les avis positifs de toutes les agences d’évaluation, le débat sur le glyphosate continue de faire rage, alimenté par des environnementalistes hostiles au glyphosate par principe.
Cependant, partout en Europe, le monde agricole commence à s’exprimer plus ouvertement. Par exemple :
Au Royaume-Uni, sous le titre « le glyphosate est vital » (in English), la NFU (syndicat britannique des agriculteurs) met en ligne un argumentaire simple, illustré, accompagné d’une infographie et destiné à être repris par ses adhérents pour informer les visiteurs sur leur exploitation, pour aborder leurs parlementaires, et/ou à mettre en ligne sur twitter. Pour encourager leurs adhérents à s’exprimer, la NFU conclut « Les agriculteurs, ainsi que les voix de leurs collègues du monde agricole, doivent s’impliquer le plus possible dans le débat. Plus forte sera la voix de l’agriculture, plus elle aura d’impact ». Un exemple qu’il serait bon de suivre plus systématiquement en France !
Lors de la réunion du groupe phyto de Copa-Cogeca[1] de mai 2017, la NFU a présenté des arguments de fond au sujet du glyphosate et ses actions en cours vers les parlementaires britanniques, nationaux et européens. Voir ici (in English, mais compréhensible : nombreux tableaux et illustrations)
En Belgique, un article de la RTBF (Radio-Télévision publique) publie « Vers une interdiction du glyphosate? Des agriculteurs « pris au piège » ». Malgré une tonalité qu’on sent favorable à la pression gouvernementale anti-glyphosate, il donne largement la parole au monde agricole. Un agriculteur explique par exemple : « Traiter nos terres avec des produits bio, cela revient plus cher. C’est moins efficace. Et cela demande beaucoup plus de travail. En effet, quand on utilise l’herbicide bio, nous devons labourer la terre. A plusieurs reprises. Ce qui entraîne une plus grande érosion du sol. Sans oublier que cela fait varier la concentration en nitrates. Qui plus est, cela signifie aussi plus de passages en tracteur. Et donc davantage de carburant consommé. »
Mais aussi le monde scientifique
Roland Solecki travaille au BfR en Allemagne. Le BfR est l’agence de sécurité qui était chargée du travail d’évaluation du glyphosate pour le compte de l’EFSA (agence Européenne) et, au bout du compte pour l’Union Européenne. David Zaruk, The Risk Monger, a repris et commenté une interview (auf Deutsch) de Roland Solecki.
Lire « Glyphosate, bière et Monsanto : une interview de Roland Solecki, du BfR » (in English, traduction en français par Seppi)
Roland Solecki y défend fermement et sereinement le processus d’évaluation. Il entre dans les détails et se montre pédagogue. L’article mérite d’être lu pour cette description du processus d’évaluation par R Solecki. Mais aussi pour les commentaires de David Zaruk qui mettent en évidence les très fortes pressions politiques exercées par le lobby environnementaliste.
Expliquer, expliquer encore
La proposition de la Commission d’autoriser le glyphosate pour 10 ans est loin d’éclaircir l’horizon pour les agriculteurs :
– Elle est un compromis. Une substance active ne posant pas de problème particulier devrait être autorisée pour 15 ans. En raccourcissant la période, la Commission encourage les environnementalistes hostiles à revenir à la charge.
– Cette proposition n’est pour autant pas actée. Il reste à obtenir la majorité qualifiée sur cette décision. Majorité qualifiée qui lui avait été refusée en juin 2016.
– Malgré la réaffirmation de l’avis favorable de l’EFSA et celui également favorable de l’ECHA (Agence Européenne des produits chimiques), le Parlement Européen, très sensible à la pression des lobbys environnementalistes, a une nouvelle fois dénoncé cette proposition « au nom du principe de précaution »
– Les homologations (autorisations par usage des produits commerciaux) relèvent des réglementations nationales. La Commission l’a d’ailleurs explicitement rappelé dans sa proposition.
Le monde agricole ne doit donc surtout pas relâcher d’effort pour expliquer et s’expliquer. Le glyphosate n’est pas le diable. Il est dans le domaine public et bon marché. Le laisser sur le marché, ce n’est pas être pro-Monsanto !
Le glyphosate est rapidement biodégradable. Il est le désherbant le plus sûr pour la santé humaine. Il est un outil pour favoriser les Techniques Culturales Simplifiées (TCS) qui permettent d’enrichir le sol en matière organique, de préserver les vers de terre et toute la faune du sol, de faire des économies d’énergie et de matériel et de réduire l’émission de gaz à effet de serre.
Pour mémoire, le Canada vient de réautoriser le glyphosate. Voir à ce propos « Le Canada ré-autorise le glyphosate« , article de Seppi.
Le monde agricole doit donc plus que jamais expliquer ses pratiques. Et expliquer en particulier aux parlementaires européens et nationaux pourquoi ils doivent cesser de céder aux lobbys alarmistes et écouter les agences scientifiques.
Pour aller plus loin :
« Le glyphosate est sûr selon l’ECHA. Allez l’UE, un peu de courage ! »
« Devez-vous avoir peur du glyphosate ? [Replay] » (Stéphane Adrover, Contrepoints)
« [Avis d’expert ] « Pourquoi l’Europe doute-elle du Glyphosate ? », accuse Jean-François Proust animateur du Forum Phyto » (L’Usine Nouvelle)
« 17 questions/réponses sur le glyphosate (Thoughtscapism) »
« Pour sourire et s’instruire : peut-on boire du glyphosate ? »
[1] Syndicat européen des agriculteurs et des coopératives
Mise à jour du 23 mai 2017 :
Pour compléter l’information des lecteurs, nous aurions dû faire part du point de vue de Vytenis Andriukaitis, Commissaire européen à la Santé, qui, quelques jours avant la proposition de la Commission, s’exprimait devant un comité de la Chambre des Représentants de Belgique.
Voir : « Glyphosate : une importante déclaration du Commissaire européen Vytenis Andriukaitis »
V Andriukaitis s’est exprimé en s’appuyant sur l’expertise de l’EFSA et sans aucune ambiguïté : « La conclusion qui se trouve sur la table est que cette substance n’est pas cancérogène ou un perturbateur endocrinien. J’ai du respect pour la loi et la science. S’il y a de nouvelles preuves scientifiques, montrez les moi et je les prendrai en compte. […] Pourquoi parlons nous aujourd’hui de pesticides, mais pas des conséquences désastreuses du tabac et de l’alcool? Cela vient des lobbys. »