Le 20 juillet 2017 s’ouvrent les Etats Généraux de l’Alimentation, alias EGA. Cela débutera par une grand-messe avec interventions de toutes les têtes de la république et plus de 400 invités. Ces EGA sont censés initier et concrétiser la promesse électorale d’Emmanuel Macron, en réponse à la crise agricole, d’une meilleure répartition des marges entre tous les acteurs de l’alimentation. Avec 5 milliards d’euros à la clef affectés à la modernisation de l’agriculture. Mais les risques sont grands d’une dérive vers les sujets dits « sociétaux ».
Pour les détails organisationnels des EGA, lire « Etats généraux de l’alimentation : le déroulement enfin connu » sur LaTribune.fr.
Dans « Ce que les agriculteurs peuvent espérer des états généraux de l’alimentation » (WikiAgri), Antoine Jeandey analyse les rapports de force et les enjeux concernant essentiellement la partie économique.
Dans « Etats Généraux de l’Alimentation : le grand flou », La France Agricole souligne :
– Un programme précipité et le « casse-tête organisationnel » : échéances raccourcies, période estivale, 14 ateliers
– L’inquiétude de la profession agricole « qui voit, jours après jours, le second chantier consacré aux sujets sociétaux prendre le pas sur le celui du juste prix ».
On ne peut mieux dire…
Exemple : Dans « Etats généraux de l’alimentation: «Les consommateurs veulent de la qualité» », 20 minutes interviewe Jean-Yves Mano, président de la CLCV, ONG habituellement plutôt modérée. Et pourtant, après toute une partie consacrée aux aspects économiques, sa conclusion est « Perturbateurs endocriniens, pesticides et autres nanoparticules sont déjà au cœur du combat aujourd’hui. […] La CLCV est aussi là pour ça : faire pression sur les politiques pour que [les] études [de l’INRA ou de l’ANSES] démontrant (sic !) l’impact négatif de ces polluants sur la santé se traduisent sur le plan réglementaire ou législatif. »
La photo d’illustration de 20 minutes associe d’ailleurs sans aucune hésitation « bon, bio et sain! ». Une façon de peser, de fait, sur l’orientation des EGA.
Et que dire des ONG plus jusqu’au-boutistes !…
Nous risquons bel et bien de voir une alliance objective, voire affichée, entre grande distribution et ONG environnementalistes : ils ont tous intérêt, financier et/ou idéologique, à détourner les EGA de leur objectif principal initial, économique, et à focaliser sur des objectifs présentés comme « sociétaux », foncièrement idéologiques et sans aucune base scientifique.
Les grandes organisations agricoles ont compris ce risque et ne se laisseront pas surprendre comme lors du Grenelle de l’Environnement en 2007. Mais il leur faudra être ferme et fort pour affronter le poids médiatique et politique de l’idéologie environnementaliste. Il leur faudra afficher clairement les arguments en faveur d’une agriculture moderne et de qualité, réellement responsable et durable, et mobiliser les agriculteurs autour de ces arguments.