L’état de santé des agriculteurs dépend de multiples causes, variables selon les cultures ou le type d’élevage, selon la taille et l’équipement de l’exploitation, selon la formation et le comportement de l’agriculteur et selon la région. Mais les grands maux sont connus : Troubles musculosquelettiques, poussières, soleil, virus animaux, mais surtout accidents avec les animaux d’élevage et avec les machines.
Sous le titre « Semaine de sécurité à la ferme : les machines toujours la plus grande cause de mortalité à la ferme » (in English), la NFU[1] publie un article pour sensibiliser ses adhérents.
Selon Guy Smith, vice-président de la NFU, en agriculture, dans les 10 dernières années, quatre décès sur dix sont liés aux machines fixes, de travail, ou de transport. Les chiffres sont globalement en diminution, mais « un mort est un mort de trop ». Il est certain que les chiffres ne sont pas très différents en France…
L’article relate l’expérience d’une éleveuse laitière ayant perdu deux doigts dans une machine à embouteiller le lait. « Le souci avec l’agriculture », dit-elle, « c’est que vous êtes en permanence « bon à tout faire ». Vous jonglez sans arrêt entre les différentes tâches. Nous voulions tellement que cette partie de transformation de lait à la ferme marche, que nous n’avons sans doute pas prêté suffisamment attention aux aspects sécurité. Du moins pas comme nous aurions dû. »
L’article décrit aussi une ferme qui essaie d’être très attentive à la sécurité. Un des points importants est le fait de travailler souvent « dans l’urgence, dans des conditions quelquefois difficiles, de nuit ou dans des hangars mal éclairés ». « Toute petite mesure qui permet d’améliorer la sécurité dans les grandes fermes comme dans les petites est important pour réduire le nombre d’accidents et éviter des morts dans notre secteur qui bat de tristes records »
Dans « Les machines agricoles mangent des bras et des jambes » (in English), Doug Powell, sur le Barfblog, blog principalement dédié à la sécurité sanitaire des aliments, rend compte à sa façon de l’article de la NFU. Il raconte comment, sur une ferme, le contact avec les machines est constant et dangereux. Toute personne ayant vécu dans le milieu agricole a un proche qui s’est fait « manger » des doigts, une main, un bras ou une jambe… quand ce n’est pas la vie. Il accompagne son article d’un clip vidéo (in English) d’une chanson de John Prine, « Aint Hurtin Nobody » (« je ne blesse personne »), dans laquelle les blessures dues aux machines agricoles sont évoquées. Nous conseillons l’article et la vidéo à tout lecteur de ForumPhyto familier de la langue de Shakespeare.
Notre point de vue
« Quel est le plus grand risque pour la santé des agriculteurs ? » Les ONG environnementalistes, obsédées, répondront immanquablement : « les pesticides ». Rien n’est plus faux !
ForumPhyto défend un usage prudent, raisonné, en dernier recours, mais souvent nécessaire des pesticides. La prudence veut dire prendre toutes les dispositions possibles pour limiter l’exposition des opérateurs, de leur famille et du voisinage.
Mais les risques sur une exploitation doivent être mis en perspective. C’est l’occasion de rappeler « Santé des agriculteurs : halte aux caricatures ! (CSLFLF) », article de 2015, évoquant une étude du Collectif Sauvons les fruits et légumes de France (CSLFLF), actualisée en janvier 2017 (voir ici).
« Les animaux et le matériel agricole sont les premières causes d’accidents du travail et de maladies professionnelles chez les agriculteurs. Et ils sont en diminution.
Les troubles musculo-squelettiques(TMS) représentent 9 cas de maladies professionnelles sur 10 chez les agriculteurs. » Les agriculteurs sont aussi exposés aux poussières, aux virus animaux, au soleil, etc. et bien sûr, les ONG environnementalistes n’arrêtent pas de nous le répéter, aux « pesticides » honnis. Tout ceci n’empêche pas les agriculteurs d’avoir une espérance de vie plus longue que la moyenne des français et de décéder significativement moins de cancers.
Que ce soit pour réduire le nombre d’accidents survenant avec les machines ou les animaux, ou l’incidence des TMS ou que ce soit pour réduire l’exposition aux pesticides, aux poussières, etc., améliorer la santé des agriculteurs passe par :
– des améliorations techniques des machines : ergonomie, précision, sécurités
– la formation des opérateurs, la prise de conscience des risques et l’amélioration des comportements.
[1] National Farmers Union, syndicat britannique des agriculteurs