Le 4 octobre prochain, l’Union Européenne doit voter le renouvellement (ou non) de l’autorisation du glyphosate. Nicolas Hulot, ministre de l’Environnement a annoncé que la France s’y opposerait en raison des « incertitudes » sur la dangerosité de la molécule, malgré les évaluations positives successives par les agences européennes (ECHA et EFSA), mais aussi BfR, ANSES et OMS. Cette décision contestable est contestée par les organisations agricoles qui y voient une atteinte à l’agriculture de conservation et à la séquestration du carbone promue par les ministres de l’agriculture et de l’environnement successifs, y compris par Nicolas Hulot.
Sur Mon-viti.com, « Coop de France appelle une nouvelle fois le gouvernement français à soutenir la réhomologation du glyphosate lors du prochain vote européen, en cohérence avec les avis des agences indépendantes d’évaluation du risque, ainsi que les stratégies nationales en matière d’agroécologie et de lutte contre le réchauffement climatique. »
Plusieurs médias rendent compte de la position de la FNSEA.
Nous mentionnerons particulièrement « Les agriculteurs français s’opposent à Hulot sur le glyphosate » (en français, in English), par Euractiv, revue européenne, qui rend compte de façon détaillée de la position de la FNSEA et de ses syndicats spécialisés.
Mais aussi de Jean-Paul Bordes, Arvalis Institut du Végétal. Pour lui, « « Si demain on supprime le glyphosate, il va falloir le remplacer par le travail du sol, passer plusieurs fois des engins dans la parcelle pour détruire les repousses, les vivaces […] Le chardon, le chiendent, le liseron vont faire leur retour dans les cultures et générer des surcoûts de désherbage », insiste-t-il, qui estime que le retour au labour va « augmenter le risque d’érosion, de tassement des sols » et entraîner la « perte d’une forme de fertilité » »
Interviewé par Agriculture et Environnement, Eric Thirouin qualifie la décision de Nicolas Hulot de « incohérente et absurde », car l’interdiction conduirait « à plus de labour, et plus de gaz à effet de serre », chevaux de bataille habituels de Nicolas Hulot.
Voir également le communiqué de l’UIPP (firmes phytosanitaires).
Le glyphosate est une tête de turc pour les environnementalistes qui y voient l’ombre de Monsanto et des OGM. En fait, cette substance est dans le domaine public et son utilisation raisonnable et raisonnée est favorable à l’environnement, à la vie des sols. Et une interdiction du glyphosate serait donc un coup dur pour l’environnement…
Il n’est pas impossible que les membres les plus réalistes du gouvernement comptent sur un vote positif de l’Allemagne pour sortir du piège dans lequel la France s’est mise d’elle-même depuis le Grenelle de l’Environnement. Une position risquée et irresponsable qui manque de courage.
Mise à jour du 06 septembre 2017:
« Glyphosate : Matignon confirme les propos d’Hulot » (Agri72). Les propos des services du premier ministre confirment l’ambiguïté de la position gouvernementale : « tous les Etats membres n’ont pas fait connaître leur position »…
Pour aller plus loin :
« Il faut sauver le soldat glyphosate »
« 17 questions/réponses sur le glyphosate (Thoughtscapism) »
« On peut se passer du glyphosate. MAIS… »
« Pour sourire : la clé à cliquet (en fait le glyphosate mais chut!) nous tuera tous »