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En fruits et légumes, le bio est maintenant contraint à la qualité visuelle

11 sept. 2017

Tant que le bio était cantonné aux circuits courts et à de très faibles quantités à commercialiser, il échappait « au cancer des produits frais », l’apparence, « générateur d’une impressionnante quantité de gaspillage alimentaire ». Du fait d’une (toute) relative massification de la production et surtout d’une crise généralisée des fruits et légumes en 2017 (grandes difficultés à vendre et prix généralement très bas), l’exigence de qualité visuelle touche maintenant la production bio.

Dans « 112- Qualité -5- Quand le bio s’y met aussi » (en français, in English, en español), Christophe Bouchet sur son blog CulturAgriculture décrit concrètement et en détail ce processus et ses conséquences.
Son article part du témoignage de producteurs bios de courgettes publié par l’Express. Ces producteurs sont offusqués d’être contraints de « laisser pourrir près de trois tonnes de courgettes ». « « S’il vous plaît, même si les légumes ne sont pas parfaits, essayez de penser que derrière des personnes les ont soignées, récoltées, conditionnées pour pouvoir faire vivre leur petite famille correctement et que, malgré leurs défauts, le goût reste exactement le même que les tops modèles, » conclut la petite famille »

Pour Christophe Bouchet, « Un producteur biologique produit moins, mais commercialise une plus grande partie de sa production, et à un prix moyen meilleur…jusqu’à présent. » Les grands capitalistes du bio réussissant leur pari sur la base d’une désinformation massive, les consommateurs de bio étant de plus en plus motivés par la seule crainte des « âneries qu’on leur raconte », l’exigence de « qualité visuelle », qui n’a rien à voir avec la qualité gustative et nutritive, augmente sans cesse.

Cette course à l’apparence a :
– des conséquences techniques et environnementales : plus d’« interventions phytosanitaires biologiques [à] objectif cosmétique. »
des conséquences économiques : plus de gaspillage, donc des chiffres d’affaire plus faibles
C Bouchet esquisse des solutions :
– « de l’information non déformée, sans idéologie ni sous-entendus commerciaux, et […] l’éducation du consommateur. »
– Un travail de fond par les pouvoirs publics : « on peut toujours rêver, n’est-ce pas ? »
– A l’heure où en France, « un agriculteur sur deux gagne trois fois moins que ses propres employés », des Etats Généraux de l’Alimentation qui accoucheraient d’autre chose que d’une souris…

Sa conclusion : « Certains avaient trouvé dans l’agriculture biologique une échappatoire digne et élégante, économiquement intéressante, et intellectuellement et socialement gratifiante. Il pourrait y avoir quelques déceptions… »

Lire l’intégralité de l’article (en français, in English, en español)

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