Jean-Marc Boussard, membre de l’Académie d’Agriculture, nous fait part de sa publication de « Opinion : A propos des coûts externes des pesticides-About the external costs of pesticides » (accès direct au document pdf). Il y fait une analyse critique de la publication parue début 2016 de Bourguet et Guillemaud (B&G), deux chercheurs de l’INRA. En résumé, B&G soutenaient que, coûts externes inclus, les coûts des pesticides l’emportaient sur les bénéfices.
Les critiques principales de Jean-Marc Boussard à l’égard de l’étude de B&G sont :
– Le manque de fiabilité de l’évaluation des coûts externes de l’utilisation des pesticides.
– Dans certains cas, une surévaluation importante de ces coûts. Quelquefois par des raisonnements qui laissent « perplexes » : par exemple, « quand on voit imputer aux pesticides les surcoûts de l’eau minérale par rapport à celle du robinet. »
– La sous-estimation de l’ampleur des conséquences négatives économiques et sociales d’un retrait éventuel des pesticides, ainsi que l’absence de mention des coûts externes engendrés par une telle situation.
– l’absence de vision globale du principe de bénéfices-risques. Pour Jean-Marc Boussard, même en supposant un risque réel de santé lié aux pesticides « [Ne faut-il pas considérer] comme « moral » d’exposer certains à un (faible) risque de cancer pour éviter à d’autres (souvent, des pauvres) un risque de paludisme ou de dénutrition ? »
Il se « garde de trancher », mais conclut : « il est de fait que, depuis l’origine des temps, et grâce au progrès technique, la durée de la vie humaine s’allonge […]. Cela signifie que, globalement, les risques de toute sorte ont tendance à diminuer […]. Faut-il alors interdire, ou du moins ralentir une telle évolution au nom d’un « principe de précaution » mal compris ? »
Dans « Coûts-Bénéfices des pesticides : une mauvaise plaisanterie de l’INRA ? », ForumPhyto avait fait une critique de l’étude de B&G.
Mentionnons également « Le bilan économique des pesticides : positif ou négatif ? » article de Philippe Stoop paru dans Science et Pseudo-Sciences.
Les arguments des trois articles sont globalement concordants et complémentaires : en soi, la démarche affichée de Bourguet et Guillemaud est valide. Mais l’article souffre de défauts rédhibitoires : imprécisions, quelques considérations qui laissent perplexes, surestimation des coûts dans certains cas et sous-estimation systématique des bénéfices. Rajoutons que, si B&G sont relativement prudents dans les conclusions de leur étude, les médias en ont carrément fait un plaidoyer militant environnementaliste